Conférence avec Yves Bertoncini le 19 novembre 2025 organisée par le Mouvement Européen 76 et le Comité de Jumelage de Deville-lès-Rouen
Vingt ans après le rejet par référendum du traité constitutionnel européen, la conférence organisée par le Mouvement Européen 76 et le Comité de Jumelage de Deville-lès-Rouen a offert l’occasion de revenir sur cet épisode marquant de l’histoire européenne, en compagnie d’Yves Bertoncini. L’enjeu ? Comprendre comment le « non » français de 2005 – 55 % des voix – a été interprété, contourné, et parfois instrumentalisé, mais aussi comment il a façonné l’Europe d’aujourd’hui.

Un « non » français, mais une Europe qui avance Le traité de Lisbonne, souvent présenté comme un « déni de démocratie » après le référendum de 2005, n’est pas pour autant une simple copie du texte rejeté. Bien que reprenant environ la moitié de ses dispositions, il intègre aussi des concessions issues des critiques exprimées, notamment celles de la droite française et des Pays-Bas sur la souveraineté des États ou l’élargissement à la Turquie. Un compromis nécessaire, porté notamment par Nicolas Sarkozy, pour sortir de l’impasse. Pourtant, la question démocratique reste entière : comment 55 % des Français peuvent-ils prétendre imposer leur choix à 500 millions d’Européens ? Après tout, 16 États membres ont ratifié le traité de Lisbonne, dont deux par référendum (Luxembourg, Espagne).
Des peurs aux réalités : ce que le « non » a (ou n’a pas) changé Les craintes de 2005 – le « plombier polonais », la règle des 3 % de déficit, ou encore la gestion néolibérale de l’euro – ont souvent été exagérées ou détournées. Aujourd’hui, ce sont les Portugais, et non les Polonais, qui représentent la majorité des travailleurs détachés en France. La France, quant à elle, n’a jamais respecté la fameuse règle des 3 %. Et la politique monétaire européenne, sous l’ère Mario Draghi, s’est éloignée des accusations de dogmatisme. Même l’euro, critiqué pour son manque de flexibilité, a démontré sa résilience face aux crises successives.

Une Europe puissance, malgré les clivages L’Europe d’aujourd’hui n’est plus celle de 2005. Elle a su se mobiliser face à la pandémie de Covid-19, soutenir l’Ukraine, ou encore réguler le numérique. Des avancées concrètes, même si insuffisantes, qui prouvent sa capacité à agir comme une puissance. Pourtant, les clivages persistent : entre ceux qui prônent l’ouverture – économique, culturelle, politique – et ceux qui privilégient le repli. Le débat sur l’accord Mercosur en est un exemple frappant : les craintes sur certains secteurs (bœuf, volaille, sucre) ne doivent pas occulter les opportunités face à la pression américaine et chinoise.
Et demain ? Le choix des Européens Pour Yves Bertoncini, le message est clair : en 2027, les citoyens doivent voter pour des candidats porteurs d’un projet européen ambitieux. Le « oui » de 2005 était à la fois un « oui de conviction » et un « oui de responsabilité ». Aujourd’hui, il s’agit de dépasser les crispations et les postures pour construire une Europe unie, capable de peser sur la scène mondiale. Car si le « non » de 2005 a marqué les esprits, il ne doit pas devenir un frein à l’avenir.

Pour aller plus loin
Retrouvez les articles d’Yves Bertoncini sur le sujet :
Les 20 ans du Non : https://tnova.fr/democratie/politique-institutions/la-france-et-leurope-20-ans-apres-le-non-sortir-du-deni-et-des-crispations/
Les 10 ans du Non : https://www.jean-jaures.org/publication/dix-ans-apres-le-non-crever-labces-pour-lunion-europeenne-et-pour-la-gauche/
Article rédigé à partir des notes de Thibaut Drouet, mis en page par Le Chat (Mistral AI) revu et corrigé par Bernard Deladerrière et Charles Marechal
