Par Thibaut Drouet avec l’aide de Khoukha Badis et Gérard Grancher
Les outils du numérique américains dominent notre quotidien : Gmail, Zoom, Microsoft Office, Whatsapp, Facebook, Windows… Avec l’utilisation massive des solutions de clouds c’est un nombre de données incalculable qui sont conservées sur des serveurs aux Etats-Unis : photos de familles, documents de travail, conversations intimes, pensées politiques… notre quotidien, nos vies, sont stockés sous juridiction fédérale américaine. En théorie ces données sont soumises à la RGPD (Règlement de la Protection des Données Individuelles), une directive européenne qui assure une grande confidentialité et interdit l’utilisation de ces données en dehors de l’utilisation prévue.

Toutefois depuis l’arrivée de la nouvelle équipe Trump on peut s’inquiéter de l’avenir de nos données stockées sur le sol américain. L’actualité récente montre que l’improbable il y a quelques mois devient aujourd’hui possible… Sur les pays étrangers les ingérences sont fréquentes depuis le 20 janvier 2025 ; et au niveau des individus le gouvernement se montre très radical dans ses façons de faire : les scientifiques sont attaqués pour un mot dans leurs travaux jugé déplaisant, le personnel fédéral est menacé de licenciement ou poussé à la démission sur des bases controversées. Les traitements de masse d’analyses des cas individuels, couplés à la volonté de réduire les effectifs dans l’administration tendent à penser à un recours massif d’outils d’intelligence artificielle pour appliquer ces directives. C’est une politique de ségrégation qui se base en grande partie sur les données numériques des individus.
Avec Trump le pire devient possible. Il apparaît maintenant crédible de s’imaginer entendre à la radio un matin : “un nouveau décret signé cette nuit à la maison blanche interdit l’entrée sur le sol américain à toute personne au profil numérique jugé woke”. Ou lire un titre de journal comme : “L’administration Trump interdit maintenant à toute entreprise américaine le recrutement d’individus ayant effectué une recherche sur les possibilités d’avortement et ce quelque soit l’endroit du monde”..
Sans aller jusqu’à la paranoïa, on peut d’ores et déjà choisir de jouer la carte de la prudence en changeant petit à petit nos pratiques numériques ; réfléchir à des alternatives européennes paraît judicieux. Mais ce n’est pas chose aisée tant l’effet de domination dans ces marchés est prégnant ; les petits acteurs ont bien du mal à se faire connaître. Nous avons ainsi recherché et listé les solutions alternatives dans les utilisations les plus courantes en les classant par difficulté :
Facile :
Envoi de fichiers volumineux : WeTranfer -> Transfernow. Le service est gratuit et permet d’envoyer jusqu’à 4Go de données pendant une durée de 7 jours (3 maintenant avec Wetransfer). Nous avons pu le tester : on recommande !
Visioconférences : Zoom -> Jitsi. Il s’agît d’un logiciel open-source développé à la base à Strasbourg. Il est recommandé par l’Etat français et les établissements d’enseignement supérieurs européens utilisent régulièrement ce logiciel
Intelligence artificielle : ChatGPT ->Le Chat : cette solution détenue par l’entreprise IA Mistral est efficace et française ! Testée et recommandée !
Modéré :
Musique : Spotify -> Deezer : la solution musicale Spotify est pourtant d’origine suédoise mais a préféré se développer aux USA en premier. Elle y est maintenant cotée. Deezer a son siège social en France avec un choix musical plus large
Moteur de recherche : Google -> Qwant : ce moteur de recherche français a même son pôle sécurité à Petit-Quevilly ! Testé et approuvé !
Navigateur internet : Chrome -> Vivaldi (Norvège) et Mullvad Browser (Suède) sont des alternatives européennes.
Suites bureautiques : Microsoft Office -> SoftMaker Office (Allemagne) offre une suite bureautique compatible avec les formats Microsoft Office. OnlyOffice (Lettonie) ou LibreOffice (Allemagne) sont des suites bureautiques conformes aux normes de protection des données européennes.
Difficile :
Messagerie instantanée : WhatsApp / Facebook Messenger -> Wire (Suisse)
Stockage et partage de fichiers : Google Drive -> Nextcloud (Allemagne) permet le stockage et partage de fichiers, avec des options d’hébergement en Europe. Il est adopté en France par le ministère de l’intérieur et de l’éducation nationale.
Messagerie électronique : Gmail -> ProtonMail est une alternative respectueuse de la vie privée
Les plates-formes de streaming : Netlfix/Amazon Prime/Disney+ -> Arte, FranceTV replay, Okoo… les alternatives sont nombreuses et souvent gratuites. Les contenus sont variés et de très bonne qualité mais aucun ne peut concurrencer les grandes plateformes américaines sur les blockbusters mondiaux..
Réseaux sociaux : ils sont dominés par les géants américains Facebook, Instagram ou X. S’en défaire c’est prendre le risque de se couper d’une communauté. Mais au-delà du sujet des données s’ajoutent celui des algorithmes et de l’influence qu’ils peuvent avoir sur les citoyens. Ils permettent indirectement de mettre en avant du contenu favorable aux idées du propriétaire ou de celui qu’il soutient. Le risque de manipulation de l’utilisateur est grand et à travers cela la possibilité d’ingérence devient réel. Là aussi il existe des alternatives européennes aux applications dominant le marché : Yubo: Lancé en 2015, Yubo est une plateforme qui permet aux adolescents de se faire de nouveaux amis en ligne. Elle a évolué pour offrir des fonctionnalités similaires à celles de Facebook ou Instagram, devenant ainsi un réseau social à part entière. BeReal est un réseau social français qui encourage les utilisateurs à partager des photos authentiques et spontanées, contrairement aux images souvent retouchées sur Instagram. Mastodon : bien que ce ne soit pas un réseau social traditionnel comme Facebook ou Instagram, Mastodon est une alternative décentralisée à Twitter qui gagne en popularité. Il permet aux utilisateurs de créer leurs propres serveurs et de contrôler leurs données, offrant ainsi une alternative plus respectueuse de la vie privée .
Systèmes d’exploitation : Windows ou IOS -> Linux. L’idée de Linux est européenne. C’est un logiciel open source.
En conclusion, la recherche d’alternatives ou le boycott des géants américains du numérique n’est pas tout le temps chose aisée. Il existe cependant des solutions européennes à connaître, à tester et à favoriser. Nous n’avons pas évoqué ici en détail le cas des logiciels OpenSources qui permettent une plus grande transparence des applications. Les exemples les plus célèbres sont Mozilla Firefox (navigateur internet), Thunderbird (agent courriel) ou Linux cité plus haut. Par leur transparence, ils offrent une sécurité supplémentaire face aux logiciels propriétaires qui peuvent être détournés de leurs usages.
Du côté des instances européennes nous attendons aussi une meilleure protection de nos données numériques ; l’Europe doit continuer de se doter de directives qui protègent ses consommateurs comme son industrie. Elle doit aussi faire respecter ces règles et punir sans fléchir ceux qui ne les respectent pas. Parallèlement, L’Europe doit favoriser le développement d’une industrie de la tech et du service de qualité.
Vous avez testé ces alternatives ? Vous en avez d’autres à proposer ? Vous avez des remarques ? N’hésitez pas à ajouter un commentaire
Merci pour ces informations précieuses..oui LINUX…des acteurs ont résisté longtemps…Nous devons faire vivre les outils européens, ils en deviendront plus performants..Galileo ??