Les accords mis en oeuvre pour la sortie du Royaume Uni de l’UE sont complexes. On n’en finit pas de découvrir leurs conséquences, conséquences surprenantes parfois. Aujourd’hui nous découvrons la guerre de la saucisse, le pourquoi et le comment. Une guerre de la saucisse qui, fort heureusement, connait une trêve passagère.
Voici la traduction de l’article du Guardian écrit en anglais et intitulé :
Une trêve dans la guerre de la saucisse :
de quoi alimenter encore bien des discussions entre l’UE et le Royaume-Uni. Analyse : on a accueilli avec soulagement un accord temporaire accepté par les deux parties qui ont cependant des vues très différentes sur les solutions à adopter.
Un accord temporaire, mais après ?
Bruxelles a sagement retiré le crépitement et le piment de la “guerre de la saucisse” entre le Royaume-Uni et l’UE. Néanmoins, le problème fondamental, c’est que Boris Johnson semble toujours peu disposé à encaisser les conséquences du Brexit, Brexit qu’il a pourtant choisi.
Certains se demandent si l’annonce d’un accord temporaire, mutuellement accepté, pour résoudre le problème de savoir si les «bangers» ,saucisses britanniques, peuvent être vendues en Irlande du Nord est vraiment une avancée.
Le Royaume uni ne respecte pas le protocole irlandais.
Bien peu de gens ont envie devoir le vocabulaire de la guerre, du commerce ou autre, prendre place dans les discussions relatives à l’Irlande du Nord en 2021. De fait, c’était là où en étaient les choses il y a quelques semaines, lors des discussions sur les tarifs. Les mesures prises rendaient coup pour coup, suite à l’échec du Royaume-Uni, incapable d’appliquer le protocole irlandais dans le cadre de la sortie de l’UE.
Très sagement, l’UE l‘a admis : peu importe que l’attitude du gouvernement britannique soit odieuse, il y a des enjeux plus importants. Dès lors la rhétorique a baissé d’un ton.
Ce qui est moins engageant, c’est l’accord temporaire – une prolongation de trois mois, un délai de grâce sur les règles portant sur les saucisses et le hachis – qui est assorti de deux déclarations unilatérales, présentant des points de vue très différents. De plus cela a mis en évidence le problème fondamental : les choix assumés par le Premier Ministre.
Ne pas confondre souplesse et suppression.
Pour l’UE, le temps est venu de mettre en œuvre les accords signés tandis que pour le Royaume-Uni on se dit que c’est le moment de renégocier. Ce qui se passe actuellement se situe probablement entre les deux. Cependant, la tension entre les positions divergentes continuera d’être difficile à gérer.
Johnson a signé un accord à l’automne 2019. Cet accord stipulait que toutes les marchandises voyageant vers l’ Irlande du Nord depuis la Grande-Bretagne suivraient les règles de l’UE.
L’engagement bilatéral laissait entendre que les règles de l’EU seraient appliquées avec souplesse. Hélas, Bruxelles constate que, au vu de la façon dont le gouvernement britannique agit, il confond souplesse et suppression.
Règles vétérinaires pour les pays hors UE
Un exemple: examinons le cas des viandes réfrigérées, y compris les «préparations à base de viande » telles que les saucisses. Et bien, en vertu des règles de l’UE, elles doivent être expédiées congelées en bloc si elles proviennent d’un pays non membre de l’UE avec lequel il n’a pas d’accord vétérinaire. Cela s’applique au commerce depuis la Grande-Bretagne, car l’Irlande du Nord est, de fait, restée dans le marché unique des marchandises selon les termes du protocole.
Cela a été explicitement accepté par le gouvernement britannique dans l’annexe 2 du protocole et réaffirmé en décembre dernier. Réaffirmé lorsqu’un délai de grâce de six mois a été accordé pour permettre aux entreprises d’Irlande du Nord d’ajuster leurs chaînes d’approvisionnement. En effet cela leur permet de livrer les marchandises de production locale ou en provenance de la République de Irlande.
Mauvaise foi
A présent, le Premier ministre ose suggérer qu’il n’y a jamais eu une telle acceptation de la part du Royaume-Uni et que ce serait folie d’envisager pareille chose.
Bruxelles a beaucoup de mal à digérer allégations. Ceci est un indice. On voit d’où vient plus largement les problèmes des relations entre Bruxelles et le Royaume Uni.
Non alignement sur les mesures sanitaires
La décision du Royaume-Uni de ne pas s’aligner sur les normes de l’UE en ce qui concerne les produits végétaux et animaux a des conséquences. Cela introduit une série de contrôles sanitaires et phytosanitaires sur les produits végétaux et animaux. Il existe des contrôles pour les documents, des contrôles d’identité et des contrôles physiques.
Dans les magasins d’Irlande du Nord, cela a déjà produit des ruptures d’approvisionnement pour certains produits britanniques. Rupture d’approvisionnement en raison des dépenses supplémentaires pour les détaillants. C’est un chiffon rouge pour certains membres de la communauté loyaliste. La tension monte. Cela s’avère également être un obstacle plus important que prévu par Downing Street. Un obstacle au commerce entre le Royaume-Uni et les 27 États membres de l’UE.
Les raisons et les effets du refus de s’aligner
L’UE a proposé, malgré des rejets répétés, un accord temporaire semblable à celui avec la Suisse. Un accord en vertu duquel si le Royaume-Uni s’alignerait sur le règlement de Bruxelles pendant un temps donné, 80 % des contrôles disparaîtraient. Ça ne plaît pas à Johnson et son ministre du Brexit, Lord Frost. Cela les conduirait à adopter les règles de l’UE. Ils pensent que cela ferait obstacle à un accord commercial avec les États-Unis. L’UE restreint l’utilisation d’hormones et le lavage chimique des carcasses d’animaux. Ces deux points sont essentiels dans le secteur agroalimentaire américain.
Johnson veut le beurre et l’argent du beurre
Le Royaume-Uni a suggéré à Bruxelles d’agir avec plus de souplesse. Cette souplesse permettrait que les contrôles soient suspendus aussi longtemps que le gouvernement s’en tient à ses normes actuelles. On pourrait avoir recours à des discussions si ‘il y avait un changement de politique de part et d’autre. Changement assez important pour que cela justifie que de nouveaux contrôles soient nécessaires.
La forme exacte de cette proposition n’est pas claire. Toutefois ce qui déconcerte Bruxelles, c’est que le gouvernement a répété à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention d’abaisser ses normes. Ils voient le « purisme du Brexit » faire obstacle à des solutions pragmatiques. Il est évident que Johnson veut la saucisse et l’argent de la saucisse. Mais ce n’est ni écologique ni responsable.
Vous pouvez lire aussi l’article original en anglais:
article original: Trêve dans la guerre de la saucisse
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