Dialogue avec les participants

Semaine 2: le renouveau industriel de l’Europe

Invités :
– Jean-Luc Léger, Président du CESER (Comité Économique Social et Environnemental Régional de Normandie), Président de Associations-et- Territoires.
– Bernard Leroy, Président de la Communauté d’Agglomération Seine-Eure, Chargé par le Président de la région Normandie d’une mission sur la réindustrialisation de la Normandie. Ancien chef d’entreprise (pharmaceutique), Ancien maire du Vaudreuil, ancien député, ancien conseiller régional.
Animation :
Philippe Penot (PP)
Synthèse rédigée par Alain Ropers

TROISIEME PARTIE – DIALOGUE AVEC LES PARTICIPANTS

André Calentier : Question pour Bernard Leroy. On sait que dans le secteur automobile, les moteurs hybrides et électriques sont aussi polluants et déjà dépassés. Ne faut-il pas viser plutôt le moteur à hydrogène ?
Bernard Leroy : La recherche sur le moteur à hydrogène avance, notamment sur les camions. Mais l’électrique est-il mort ? Pas vraiment. Il y a encore du temps. On a des usines qui fournissent les fabricants de batteries partout dans le monde. L’usine Renault de Cléon fabrique des moteurs électriques. Ne tuons pas l’émergence d’une industrie locale performante, alors qu’on a déjà perdu, vague après vague l’industrie textile, puis l’industrie du petit électrique, pensons à la prochaine vague.

André Calentier : Question pour Jean-Luc Léger. L’axe atlantique pourrait être une chance pour la Normandie, mais il n’y a pas de TGV suffisants, pas d’aéroports dignes de ce nom.
Jean-Luc Léger : Il n’y aura pas de TGV, c’est vrai. Mais, néanmoins, en ce qui concerne la distribution des marchandises, il faut libérer les sillons (du kilomètre/temps).
Si on compare notre région avec Anvers ou Rotterdam, où le fret ferroviaire est très actif et le fluvial très développé, on se rend compte de l’importance du canal Seine-Nord sans lequel l’Île de France est plus un cul-de-sac qu’un lieu de transitions. Quant aux infrastructures routières et ferroviaires, elles devraient être moins en étoile mais de plus en plus circulaires, et contourner l’Île de France quand ce n’est pas nécessaire d’y passer. Les voies ferrées existent, mais ne sont pas forcément adaptées, il s’agit plus de les moderniser que d’en créer de nouvelles.
Bernard LeroyTout à fait d’accord, il faut contourner Paris.

Paul Astolfi : Comment préserver et reconquérir notre souveraineté ?
Jean-Luc Léger : La question est vaste. Elle ne concerne pas seulement l’industrie, mais aussi d’autres domaines économiques, les services, les infrastructures, l’accompagnement à l’export, etc. Mais ne pas tout produire chez nous n’est pas forcément un recul considérable. Il faut raisonner au niveau du marché interne de l’UE. La souveraineté ne doit pas forcément être normande ou française mais à dimension variable selon les domaines.

Richard Lecoeur : L’avenir est à des industries à forte valeur ajoutée. Pensez-vous que ça implique des salariés à valeur ajoutée, avec un grand besoin de qualifications ?
Bernard Leroy : C’est évident. Les recrutements se font à l’échelle européenne aujourd’hui, car on ne trouve pas nécessairement sur place la qualification requise. Par exemple, dans le secteur de la pharmacie, nous disions, sous forme de boutade qu’à chaque fois qu’on créait un emploi de haut niveau, on créait aussi un chômeur : le conjoint. La faculté de pharmacie n’avait pas l’option pharmacie industrielle. On a maintenant créé la filière. De même, on a créé un diplôme pour former l’encadrement moyen etc. On a fait des bourses régionales de recherche. On était les premiers en 1985.
La proximité d’établissement d’enseignement et la recherche sont essentielles pour l’implantation d’industries. On peut imaginer faire monter le tertiaire supérieur sur Rouen et conforter la périphérie industrielle. C’est le cas de Ferrero.

???? :  sur la filière médicale. Robotique santé, i-médecine, etc. est-ce un axe important dans votre rapport ?
Bernard Leroy : Nous avons la chance à Rouen, d’avoir un très bon CHU de renommée mondiale sur lequel on peut miser. La télémédecine, la télé-expertise, ont été une révélation de cette crise sanitaire, alors que beaucoup de médecins étaient réfractaires jusque-là. C’est bien, mais l’avenir c’est aussi la santé connectée, qui intervient dans la fabrication des pompes et des valves, par exemple. On crée maintenant des pulvérisateurs pour asthmatiques, dans lesquels sont implantées des puces permettant au médecin de vérifier si les prises et les inhalations sont faites au bon moment, etc. C’est un secteur qui offre des possibilités colossales.

PP : nous arrivons au terme de cette réunion, mais je risque une dernière question. Quand pensez-vous récupérer le niveau économique d’avant la crise en termes d’emploi ?
Bernard Leroy : Il y a des secteurs qui  n’ont pas souffert, d’autres qui sont peu impactés, mais les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile ont dérouillé. Les gens vont-ils remonter dans les avions ? Les touristes vont-ils revenir ? L’automobile devrait repartir assez vite, car on constate que les concessionnaires vendent comme des malades en ce moment. Le goût de la mobilité n’a pas disparu au contraire, après cette immobilisation forcée. L’industrie va moins souffrir que le tourisme. Tout sera différent d’un territoire à l’autre.

Philippe Penot remercie les invités.
Alain Ropers résume les idées principales qu’il a notées

Philippe Thillay indique que le débat se poursuit sur le site internet du ME76 et invite les participants à le visiter.

Fin de la réunion à 18h30

Réalisation de la visioconférence 
Gérard Grancher

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