Il est encore trop tôt pour juger des conséquences du Brexit.En effet c’est sur le long terme que nous pourrons avoir un point de vue pertinent. Cependant beaucoup de choses ont déjà changé dans la vie quotidienne des Britanniques et pas forcément en bien.
Une série d’articles à lire durant l’été.
La mini-série d’articles regroupés dans « Le Brexit vu à travers la presse », va nous permettre d’examiner les conséquences immédiates dans la vie quotidienne des citoyens de ce divorce. Nous découvrirons comment évolue la vie des britanniques principalement et parfois aussi celle des membres de l’UE, tous sont impactés par le Brexit.
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Trêve dans la guerre du la saucisse
Comment justifier la baisse des échanges commerciaux ?
Le pouvoir destructeur du divorce avec l’UE est indéniable sur le plan intérieur. Verrons-nous l’indépendance de l’Ecosse, un deuxième référendum ? La première ministre de l’Écosse, Nicola Sturgeon fait valoir le vote écossais largement en faveur de « Remain ». Ce vote anti-brexit, pour ne pas quitter l’UE était très largement majoritaire en Écosse. Un nombre non négligeable d’opposants à Boris Johnson militent pour la réunification à l’UE. La pandémie de Covid-19 a certes eu des effets considérables sur les flux entre le Royaume-Uni et l’UE. Mais cela ne suffit cependant pas à expliquer la baisse des échanges durant les derniers mois. Il faut bien admettre que le Brexit y est pour quelque chose.
Fakes news
L’article ci-dessous nous montre comment le gouvernement britannique, soutenu par certains journaux anglais et pas vraiment contré par la BBC se maintient et cache la vérité en manipulant les informations. Les ennemis de l’UE ont toujours eu recours aux fake news. Rien n’a changé.
Ce que dit l’article du Guardian écrit en anglais
L’article est intitulé : « L’accord sur le Brexit nous était incroyablement défavorable, et chaque jour les preuves s’accumulent. » Le commerce s’est effondré et la paperasserie a bloqué nos frontières.
C’est ça « protéger notre souveraineté » ?
On sait maintenant que les exportations britanniques vers l’Union européenne ont connu une chute, un cataclysme, de 41% à cause du Brexit à partir du 1er janvier, et après qu’est-ce qui va arriver? Ce n’est pas un « ballon qui se dégonfle lentement » comme on l’avait prédit, mais un big bang. Pourtant, jusqu’à présent, on ne note pas de record sur l’échelle de Richter politique.
Pas de répercutions sur la popularité du gouvernement.
Cela devrait ébranler le gouvernement de fond en comble, mais notre presse largement pro-Brexit protègent les électeurs de cette fâcheuse nouvelle. Les journaux télévisés de la BBC, sous les tirs de mortier pro-brexit, n’osent pas non plus, riposter pour rééquilibrer la désinformation. Le Financial Times de samedi a jeté un pavé dans la mare en étalant ce chiffre meurtrier concernant le commerce sur sa première page. Mais le Daily Express a fait un gros titre sur « Lancement réussi pour l’Accord commercial avec les USA ». Il n’y a pas de “lancement réussi “.
Boris Johnson ne respecte pas l’accord de paix
Pendant ce temps, une action en justice menée par l’UE contre Boris Johnson commence cette semaine.Et cela à cause du non-respect du protocole d’Irlande du Nord, mettant ainsi en péril l’accord de paix du Vendredi saint.
L’argument massue : les vaccins.
« Le Sun, le Daily Mail, le Daily Express et le Daily Telegraph couvrent avec peine les fiascos commerciaux avec l’UE », a déclaré le Dr Andrew Jones, membre d’un groupe de l’Université d’Exeter qui surveille les articles publiés dans les médias sur le Brexit depuis le référendum. Actuellement, selon Jones, la principale ligne éditoriale de ces journaux sur le Brexit est le triomphe de la Grande-Bretagne sur l’UE en matière de vaccins. Ce tropisme oublie volontairement le fait que le Royaume-Uni aurait pu acheter le même nombre de vaccins s’il était encore dans l’UE, mais c’est devenu l’argument massue des pro-Brexit.
Chacun reste campé sur ses positions
La professeur Katharine Tyler, du même groupe d’Exeter – qui interviewe une deuxième fois en ce moment les électeurs du Lincolnshire, du sud-ouest et de Newcastle – n’a trouvé aucun changement de point de vue chez les pro-brexit ou anti-brexit. Elle ne s’attend pas non plus à ce que les effets du monde réel aient beaucoup d’impact sur eux. Il existe un lien étroit pour les pro-Brexit entre identité nationale et identité personnelle. Les mauvaises nouvelles commerciales sont sans effet sur ceux qui réclament la souveraineté du Royaume. Ils estiment que si ces conséquences économiques négatives sont le prix à payer, cela en valait la peine.
Si on ne lit pas le Guardian, on ne sait rien
À moins que les gens lisent le Guardian, le Financial Times et quelques autres, les dommages du Brexit sont toujours invisibles : pas de files d’attente de camions encombrant les autoroutes ni dans de rayons de supermarchés vides. Pourtant cela pourrait encore bien arriver lorsque des contrôles différés à l’importation entreront en application en janvier prochain.
Les douanes submergées par la bureaucratie
Les fabricants ont beau dire qu’ils sont dans le “cinquième cercle de l’enfer de Dante”, rien n’y fait. Les pertes d’exportation sont hors de vue de la plupart du public. Prenez Seetru, un fabricant de valves industrielles de Bristol que j’ai suivi tout au long du Brexit. La moitié de ses exportations se faisaient vers l’UE. : Les exportations britanniques vers l’Allemagne ont chuté de 56%. De fait, son directeur général, Andrew Varga, voit bien que ses produits sont “bloqués depuis huit semaines dans les douanes allemandes. Les douanes sont submergées par la bureaucratie, tout est massivement bloqué”. Craignant de perdre ses clients en flux tendu, il envoie ses produits en Allemagne en avion en payant « 10 fois plus cher ».
Une jungle impénétrable de paperasserie.
Il qualifie de « doctrinaire et idéologique » la création d’une marque de cerf-volant britannique, l’obligeant à réenregistrer 30 000 produits sous deux systèmes. « C’est ça, soupire-t-il, ce qu’ils appellent la souveraineté. » Le Brexit n’a jamais « repris le contrôle » ni échappé à la «bureaucratie bruxelloise ». Au lieu de cela, ils ont a bloqué les frontières avec une jungle impénétrable de paperasserie.
Boris Johnson n’a pas dit la vérité sur l’accord concernant l’Irlande
Pas de délai supplémentaire, pas de « période de grâce » illégale ne permet de résoudre l’impossible énigme irlandaise. On se dirige maintenant vers les tribunaux. Une fois sortis du marché unique et de l’union douanière, il n’y avait que deux options, toutes deux terribles : une frontière douanière avec le Royaume-Uni séparant la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord ; ou une frontière en dur qui romp l’accord de paix avec l’Irlande. Pas étonnant que Johnson ait menti sur ce qu’il avait signé.
Des pro-brexit bien mal informés sur la réalité de la pêche
La seule réponse possible a pris la forme de l’option choisie par la Norvège. Il faudrait mettre tout le Royaume-Uni dans le marché unique et l’union douanière restaure un commerce sans frictions, sans frontières irlandaises. Mais la Grande-Bretagne est encore émotionnellement à des kilomètres de reconnaître cette nécessité.
Pendant ce temps, la boîte de Pandore d’un Brexit essaime quotidiennement de nouveaux parasites. Prenez par exemple l’effondrement de 83 % de l’industrie de la pêche et des crustacés. C’était autrefois le talisman de la campagne du Brexit. David Frost et Michael Gove semblent n’avoir jamais su que pour chaque bateau de fruits de mer, il faut 71 pages de formulaires douaniers . Ils ne comprenaient pas non plus les règles mortifères de la « dépuration » du poisson qui laissaient le stock pourrir sur le quai.
Seul l’aspect politique compte.
Le point de vue politique, c’est tout ce qui comptait pour ces brillants négociateurs. Ils pensaient donc pouvoir perdre les services et le secteur bancaire. Mais les services représentent 80 % de notre économie et les services financiers 10 % des recettes fiscales. C’est ainsi que, les entreprises de la City ont déjà transféré 1,3 milliard de livres sterling d’actifs vers l’U. De plus, en un mois, Amsterdam a dépassé la city en tant que plus grand centre d’échange d’actions boursières d’Europe.
La fin d’Erasmus.
Chaque jour, de nouveaux dards s’envolent de la boîte du Brexit. “Au revoir aux jeunes filles au pair”, déplore le Telegraph. Pas de visa pour les étudiants assistants familiaux car ils gagnent moins de 20 480 £. La British Cactus Society pleure la perte de son industrie à cause des barrières douanières. Les étudiants pleurent la perte inutile d’Erasmus. Turing, le programme qui le remplace, est bien inférieur en efficacité car il abandonne les échanges culturels pour les enseignants.
La BBC menacée
Qu’en est-il de l’influence mondiale de la Grande-Bretagne? Nous étions bien placés pour le soft power. Nous diffusions l’influence britannique dans le domaine de la culture, la langue et les idéaux démocratiques. Hélas ces trucs libéraux incommodent les idéologiques pro-brexit les plus convaincus. Par conséquent ils balancent leur boulet de démolition contre la BBC, la voix du Royaume-Uni à travers le monde. Ils réduisent son financement de 30%. Pire encore, ils lancent contre la BBC des attaques malintentionnées et menacent sa bienaimée indépendance . Le British Council, diffuseur de la langue et de la culture anglaises, voit aussi ses subventions baisser.
Les coupes sombres
Enfin la collaboration du Royaume-Uni dans le domaine de la recherche scientifique mondiale, sur la résistance aux anti-microbiens et la crise climatique, est réduite de moitié. La réduction de l’aide alimentaire au Yémen en pleine famine envoie un message à vous glacer le sang et montre ce que la Grande-Bretagne est devenue
Des va-t-en guerre !
En refusant le statut d’ambassadeur au nouvel envoyé de l’UE (*)on fait un geste politique pour maintenir la base de négociation du Brexit gonflée à bloc. Ils se font peut-être plaisir en combattant l’UE devant les tribunaux. Plus le Brexit fait de dégâts, plus ceux que Ken Clarke appelle les “headbangers” crient “vengeance”. Mark François, le président du groupe de recherche européen, un inconditionnel pro-Brexit, appelle cette semaine à déchirer le protocole «intolérable » sur l’Irlande du Nord. De plus, il exhorte à ne pas verser les 20 milliards de livres sterling dus à l’UE. Ceux qui ne respectent pas les traités, les escrocs qui ne payent pas leurs dettes – ces saboteurs ne nous font que des nouveaux ennemis et pas de nouveaux amis.
Pas un penny n’a été gagné
Il n’y a aucun bon côté, alors tous ces dégâts pèseront-ils assez lourd dans la balance pour annihiler un jour la croyance presque fanatique que le Brexit a sauvé notre souveraineté nationale? Qu’est-ce qui pourrait déclencher un sursaut ? Personne ne le sait. Le parti travailliste tirera la prise, exposant une myriade de défauts dans le terrible accord commercial. La secrétaire au commerce de l’opposition, Emily Thornberry, a remporté un franc succès cette semaine en forçant le gouvernement à révéler qu’aucune évaluation d’impact économique n’avait jamais été réalisée sur l’accord du Brexit, alors que des études existaient sur les traités commerciaux de tous les autres pays, même avec l’Albanie. Pas un penny supplémentaire n’a été obtenu grâce aux accords commerciaux de Liz Truss, tous identiques aux accords existants de l’UE. Mais qui, en dehors des anti-brexit l’a remarqué ?
Face à l’opposition : seuls et fiers de l’être
Les travaillistes sont de plus en plus agressifs dans leurs attaques contre les retombées du Brexit. Et ce, malgré le bombardement des conservateurs en tant que « remoaners »(**). La question est de savoir quand le poids des preuves révèlera à quel point l’accord sur le Brexit nous est si incroyablement défavorable. Le navire des pro-brexit vogue depuis longtemps, mais le bateau qui veut naviguer vers la Norvège pourrait bien être obligé de rester à quai ici. En attendant, l’action en justice de l’UE renforce l’isolationnisme imprudent de notre gouvernement. Là, les ministres campent sur leurs positions, comme s’ils reprenaient cette caricature qui date de la guerre, juchés sur les falaises de Douvres : “Très bien, nous ferons face, seuls !”
Polly Toynbee est une chroniqueuse du Guardian
(*) Voir l’article du Monde ci-dessous qui montre l’évolution de la situation.
(**) Jeu de mots : mixte entre remain (rester) et moaners (pleurnichards)
Articles de journaux
Texte original en anglais de l’article du Guardian
The Brexit deal was astonishingly bad
Cet accord de « pragmatisme » a été annoncé après une rencontre des chefs de la diplomatie britannique, Dominic Raab, et de l’Union européenne, Josep Borrell, en marge d’une réunion du G7 à Londres.
Brexit : le R-U finit par attribuer le plein statut d’ambassadeur – Le Monde
Cinq ans après le référendum, les insaisissables bénéfices du Brexit
Difficile de nier ses effets déstabilisants déjà puissamment à l’œuvre
https://www.theneweuropean.co.uk/brexit-news/jonty-bloom-on-the-economic-cost-of-brexit-8038224
Sur le site de l’UE: Brexit – Et après ?
Les vidéos
The true cost of Brexit is becoming clearer