Le fédéralisme, une réponse pour établir la paix et garantir une souveraineté partagée

Retour sur l’Apéro Fédéraliste du 3 décembre 2025 proposé par les Jeunes Européens Rouen avec Chloé Fabre, présidente de l’Union des Fédéralistes Européens (UEF)

L’idée fédéraliste ne date pas d’hier. Dès 1775, Emmanuel Kant, dans son Traité de paix perpétuelle, posait les bases d’une organisation politique capable de garantir la paix entre les États. Aujourd’hui, alors que l’Europe fait face à des défis sans précédent – conflits aux portes de l’Union, montée des nationalismes, absence de l’UE dans les grands débats géopolitiques –, le fédéralisme s’impose comme une réponse à la fois pragmatique et visionnaire.

La paix, un objectif qui dépasse le pacifisme

Pour les fédéralistes, la paix n’est pas synonyme de pacifisme. La paix n’est pas une simple trève entre deux guerres. La paix, c’est rendre la guerre impossible, comme nous l’avons fait entre les États membres de l’Union européenne. Ceci est possible grâce à la mise en place d’institutions communes qui permettent de résoudre les conflits par le droit et non plus par la force.

La paix repose sur trois piliers indissociables : la démocratie, l’État de droit et le respect des droits de l’homme. L’UEF, née en 1946 de la Résistance incarne cette conviction : la paix se construit, elle ne se subit pas.

Aujourd’hui, l’Europe peine à s’imposer comme un acteur crédible sur la scène internationale, faute d’une stratégie et d’un discours commun. « L’UE est absente des conflits actuels », souligne Chloé Fabre, faisant référence à l’absence de l’UE ou de ses États membres aux différentes tables de négociations. Pire, alors que chaque État membre réarme en ordre dispersé, aucune armée européenne ne voit le jour. La proposition d’une Garde européenne, fondée sur la mobilisation volontaire des civils et des entraînements locaux, mais identiques dans toute l’UE, sur des aspects de sécurité civile (inondations, feux de forêt, catastrophe humanitaire) et militaire, que Guillaume Ansel propose, semble bien loin des réflexions actuelles.

La souveraineté, un mythe à repenser

« En France, on se pense encore en grande puissance. La réalité c’est que nous ne sommes pas capables d’assurer notre sécurité territoriale seuls » Chloé Fabre

En France, la souveraineté reste trop souvent associée à l’État-nation, héritage d’une vision jacobine qui centralise le pouvoir et limite l’autonomie des collectivités locales. Pourtant, des exemples existent : en Belgique, devenue un État fédéral en 1992, ou en Allemagne, où les Länder lèvent l’impôt, la souveraineté se partage et se décline à plusieurs niveaux. En Suisse, c’est même la commune qui attribue la nationalité.

À Rouen, l’histoire rappelle que la centralisation n’a pas toujours été la norme : la ville a autrefois abrité son propre Parlement. Aujourd’hui, le débat sur un République fédérale française refait surface, y compris à droite, avec des figures comme Jean-Louis Borloo ou Valérie Pécresse qui osent en parler. Un sondage Ifop publié cet été par Régions et Peuples Solidaires montre que 71% des sondés (représentatifs de la population française) sont favorables à une France fédérale.

L’Europe, un projet politique à réinventer

Le budget européen, actuellement alimenté par les contributions des États-membres, ne favorise pas l’émergence d’un intérêt général européen.

« L’enjeu aujourd’hui c’est d’élargir le débat entre statu quo et retour à l’Europe des nations, pour bien montrer que la proposition fédéraliste est celle qui s’oppose radicalement au nationalisme et que les différentes forme de pro-européanisme sont des nuances entre deux pôles de clivage », insiste Chloé Fabre.

L’enjeu est mondial : des penseurs fédéralistes, comme Albert Camus ou Albert Einstein, ont d’abord raisonné à l’échelle du globe avant de se concentrer sur l’Europe. Face à une ONU affaiblie et à un monde gouverné par une poignée de chefs d’État, le fédéralisme pourrait incarner une alternative pour redonner le pouvoir de décider à l’ensemble des habitants de la planète. L’une des grandes victoires du fédéralisme mondial est la mise en place d’une Cour Pénale internationale. Actuellement, les fédéralistes mondiaux travaillent sur les enjeux écologiques, qui ne connaissent pas frontières et nécessitent des actions et des décisions communes.

Et si la paix et la sécurité passaient enfin par une Europe fédérale, plutôt que par 27 politiques nationales ?

Le 11 décembre prochain, l’UEF, les Jeunes Européens et le Mouvement Européen publieront un plaidoyer commun pour les municipales montrant que l’Europe commence dans nos communes.

Pour aller plus loin n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’Union des Européens Fédéralistes https://uef.fr/ et pourquoi pas à soutenir leur cause !

Article rédigé à partir des notes de Thibaut Drouet, relecture et compléments par Chloé Fabre

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