projet urbain et projet social

L’Europe le long de la Seine. Deux exemples au Havre

 L’Europe et les Territoires : L’Europe le long de la Seine
Deuxième Volet le jeudi 27 mai 2021 : 2 exemples au Havre

Pourquoi l’Europe le long de la Seine ?

 Philippe Thillay, Président du Mouvement Européen de Seine Maritime, rappelle les raisons du choix de ce thème pour notre séminaire de printemps. Un simple regard sur les cartes géographique du nord-ouest européen montre les liens entre les bassins de l’Elbe, du Rhin, de l’Escaut et de la Seine, dont les estuaires s’estompent progressivement pour faire place à un vaste delta qui connecte l’Europe au reste du monde.

FRICHES INDUSTRIELLES : LE REBOND
Webinaire printemps 2021. Cycle de conférences

Invités :
Luc Lefèvre, Adjoint au Maire de Sainte Adresse
Éric Leroy, Directeur Général du Pôle éducation au Hangar Zéro
Organisateurs animateurs :
Philippe Thillay, Président du Mouvement Européen de Seine Maritime,
Marie-Claude Gacougnolle, Secrétaire Générale de la Maison de l’Europe de Seine Maritime

Vous pouvez revoir  cette conférence sur: https://bit.ly/ME76-chaine-tv

Pourquoi les friches industrielles ?

Partout en Europe, les friches se restructurent. Construire sur les friches existantes permet de réduire la consommation d’espaces naturels. Cela donne également l’occasion d’inventer de nouvelles façons créatives de concevoir les modes de vie de demain. De plus, on contribue ainsi à relever les défis climatiques, environnementaux et de transition numérique.  Ces thèmes sont ceux de l’Union Européenne. N’oublions pas que l’Europe, ce n’est pas seulement les institutions, les règlements et les financements. L’Europe, c’est aussi les territoires et les citoyens qui y habitent.

Pourquoi Le Havre ?

 Le choix du Havre, importante métropole industrielle située à l’embouchure de la Seine s’impose tout naturellement, comme le rappelle Marie-Claude Gacougnolle, Secrétaire Générale de la Maison de l’Europe de Seine Maritime. Marie-Claude Gacougnolle excuse le Président de la Maison de l’Europe de Seine Maritime, Pierre Menguy qui ne pourra participer à cette réunion que vers la fin. Pierre Menguy a choisi pour nous deux projets très différents de restructuration des friches de la Métropole Havraise. Chacune de ces réhabilitation est  emblématique : la réutilisation de la friche de l’ancienne école de la marine marchande, qui sera présenté par Luc Lefèvre, et le réaménagement du hangar zéro, qui sera présenté par Éric Leroy.

PREMIERE PARTIE : La Friche de l’école de la marine marchande

Luc Lefèvre, administrateur de la maison de l’Europe de Seine maritime, Adjoint au Maire de Sainte Adresse en charge des finances et plus spécifiquement de ce dossier, présente les étapes successives du projet.

Le site

Le plateau de la Hève, à Sainte Adresse, relié au Havre par un tramway, abritait des guinguettes jusqu’aux années 30. Avec son phare, il servait à l’observation maritime, commerciale et militaire. Depuis, outre l’ancienne école de la marine marchande le sémaphore et la caserne de CRS, force est de constater que son urbanisme y est disparate. On y trouve des équipements scolaires, sportifs, des lotissements, des logements sociaux, des circulations routières surdimensionnées, mais aucun équipement culturel ou d’animation.

Un travail de long terme

L’école de la marine marchande, construite par l’État dans les années 1960, a déménagé en 2015 sur une friche portuaire au Havre. Le terrain a été porté par l’EPFN, rendu propre à sa réutilisation, puis acquis par la ville de Sainte Adresse en 2018, avec l’obligation de réaliser au moins 30% de logements sociaux.

De 2019 à 2021, des pelleteuses ont démoli les bâtiments annexes mais le bâtiment central que l’on veut conserver, a besoin d’un désamiantage. Le coût de ces opérations préparatoires, ramené à 3,7 M€ TTC, a bénéficié d’une subvention EPFN (25%) la région (25%), le FEDER (40%) et la ville de Saint Adresse a participé à hauteur de (10%).

Les intentions

Il s’agit d’aménager le cap de la Hève avec une thématique culturelle et touristique. Ce projet permettra de créer un pôle d’attractivité au niveau de la communauté urbaine. On y privilégiera les circulations douces, au sein d’un aménagement paysager qualitatif. La Municipalité envisage de construire ou de réhabiliter environ 20 000 m2 dont 30% de logements sociaux. Elle veut favoriser l’accueil de jeunes ménages de résidences seniors. Elle envisage aussi de proposer une offre culturelle avec un espace d’exposition, des cafés culturels et des ateliers.  Une offre de commerce viendra compléter le projet.

Les projets

Trois équipes ont été présélectionnées (Icade, Nexity, Legendre), qui doivent remettre leur offre finale fin mai 2021. La fin des travaux est prévue pour 2024.

Questions, échanges.

 Les questions posées par les participants donnent l’occasion à Luc Lefèvre, de préciser certains points.

La nouvelle école de la marine marchande se situe près des docks et des bassins Vauban. Ces bassins ont été déclassés à cause de leur tirant d’eau trop faible pour les bateaux actuels. Les prix au m2 de cette opération seront bien sûr ceux du marché. Les 30% de logements sociaux sont prévus dans cette opération. Cela ne permettra pas encore de permettre à Sainte Adresse,  de parvenir aux 20% réglementaires. En effet la ville n’en compte  que 12%. Cela ne permet pas de se conformer aux 20% exigés par la loi. La commune étant entièrement urbanisée, la réutilisation de terrains existants est la seule possibilité de développement. Le cabinet d’urbanisme en charge de cette opération a puisé des idées dans plusieurs projets comparables aux Pays bas et en Allemagne.

DEUXIÈME PARTIE : Le Hangar zéro (LHØ)

Éric Leroy, Directeur Général du Pôle éducation au Hangar Zéro, présente un autre type de réhabilitation des friches, le fameux Hangar Zéro (LHØ), situé dans le quartier Saint Nicolas, où il est né et où il habite depuis 2013.

 La genèse du projet

Le Hangar Zéro est né en 2015 à l’occasion du rassemblement d’Alternatiba, mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, inquiet de l’accélération du dérèglement climatique et de ses conséquences sur les populations les plus vulnérables. L’association LHØ, une SCOP, remporte le concours « Réinventer la Seine » pour la réhabilitation d’un ancien espace de stockage de marchandises (bois, cacao, café). La façade du bâtiment,  classée monument historique, comporte un projet de tiers-lieu conçu selon les principes de l’éco-construction. Ce modèle économique est basé sur une pépinière d’entreprises de l’économie sociale et solidaire : zéro déchets, zéro énergie carbone, zéro laissés pour compte.

 Le projet est porté essentiellement par des bénévoles, des jeunes diplômés qui peuvent mettre en pratique leur savoir en termes de communication, leur compétence de la gestion des chantiers, etc., mais aussi par trois salariés et un autoentrepreneur, tous à temps partiel.

Les chiffres

Quelques chiffres pour mieux se rendre compte : 2800 m2 de surface de plancher, 1200 m2 de jardins partagés, 90% de réemploi de matériaux, presque 320 sociétaires, 12000 heures de volontariat. Pour que les bénévoles puissent devenir sociétaires, conformément aux statuts, la part sociale est passée de 100 euros à 10 euros.

Le projet

Il est prévu d’aménager au rez-de-chaussée, une boutique (ouverte depuis hier), un restaurant, un jardin d’hiver, de l’aquaponie (élevage de poissons), des ateliers citoyens partagés avec des machines à bois, un espace de lombripostage, une micro-brasserie à partir de mie de pain, un atelier de réparation de vélos, un espace polyvalent (réunions, café philo, etc.).

Le premier étage sera dédié à une pépinière d’entreprises, avec des indépendants porteurs de valeurs sociales et écologiques, des salles de réunion et des espaces de coworking. Le deuxième étage sera un espace d’ateliers.

Questions – réponses

À la fin de la présentation, pour répondre à une question posée par un spectateur Éric Leroy précise que :
Les point les plus importants du projet selon lui, sont le restaurant participatif. Car il proposera des repas pas chers, aux étudiants. Ces derniers mangent leur sandwich au bord du quai. On installera un atelier de récupération et de réparation de vélos.  À proximité une boutique permettra à des artisans d’exposer et de vendre leur travail, en encourageant les circuits courts.

La priorité, aujourd’hui, c’est bien de construire ce lieu.

Le propriétaire des bâtiments est la mairie du Havre. L’association a un bail emphytéotique de 25 ans.

Chaque sociétaire dispose d’une voix, pour proposer des idées.

L’Ademe, la Région, le Département apportent un soutien financier. Pas l’Europe pour l’instant, même si certains fonds de la région proviennent peut-être de fonds européens. Cependant il n’est jamais trop tard, et si cette rencontre pouvait donner à l’Europe l’idée de financer un peu …

Le projet pourra aussi développer les nouvelles technologies (imprimante 3D, etc.)
D’autres projets similaires voient le jour, à Caen, à bordeaux, et ailleurs.

Les gens du quartier viennent spontanément, et retrouvent un dynamisme en proposant leur aide.

Luc Lefèvre faisait partie du Jury « Réinventer la seine » qui a sélectionné ce projet.

Conclusions

Pierre Menguy, Président de la Maison de l’Europe de Seine Maritime, et qui vient d’arriver, retenu auparavant par une autre réunion, évoque des partenariats possibles de ces deux projets avec la maison de l’Europe de Seine maritime, se réjouit de ce travail en commun avec le Mouvement Européen de Seine maritime : il y a deux forces vives pour l’Europe en Seine Maritime. Il évoque d’autres sujets de coopération possible. Il pense aux plantations de roseaux destinés à réparer les toits, situées surtout en Lettonie. Ces exploitations souffrent de la concurrence chinoise.

Éric Leroy rappelle que Le Havre s’ouvre un peu partout, et pas seulement sur les bassins. Il nous présente Vincent, un autre directeur Général du Hangar Zéro. Vincent est responsable  de la communication, de l’événementiel, et de la gestion du chantier participatif.

Alain Ropers, se réjouit de la coopération de nos deux associations pro-européennes à l’échelle départementale, et a retenu que les deux projets présentés, si profondément différents et si profondément complémentaires, illustrent à eux deux la volonté européenne de repenser nos façons de concevoir le travail et les activités du futur en accompagnant la transition numérique et la transition écologique, aussi nécessaires l’une que l’autre à notre survie.

Philippe Thillay nous invite à aller voir ailleurs ce qui se fait en Europe, et comment l’Europe peut aider les projets, par l’intermédiaire de la Région qui dispose des fonds du FEDER. Il nous donne rendez-vous pour les prochaines réunions de ce séminaire. Tout d’abord le lundi 31 mai pour visiter une réhabilitation maintenant aboutie, à Lille, au Palais des brasseurs. Enfin le jeudi 3 juin prochain pour comprendre comment l’Allemagne restructure ses friches.

Fin de la visioconférence, à 19 h 50. Nous étions une trentaine de participants.

Compte rendu rédigé par Alain Ropers.

Le hangar zéro

 

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