Rhin-Danube, le dessous des cartes

Capitale européenne de la Culture en 2028. Ce projet porté par la ville de Rouen, la Métropole et de nombreux acteurs le long de l’axe Seine, mobilise aussi le Mouvement européen.
Dès l’année 2021, nous organisions un séminaire sur le devenir des friches industrielles en Europe et le long de la Seine. Ce fut l’occasion de souligner cette spécificité culturelle européenne. L’Europe, là où est née la civilisation industrielle. L’Europe, là où partout les territoires sont confrontés à la mutation de ces espaces. Les friches, là où s’invente pour une part, l’Europe de demain.
Ce séminaire fut aussi l’occasion de souligner une nouvelle fois, le lien vers le reste du monde que nous offrent les ports et tout particulièrement la nouvelle infrastructure Haropa.

Au moment, où du fait du réchauffement climatique, la route du Nord-est, propose un nouveau chemin vers la Chine, l’ouverture de la Normandie vers l’Afrique, l’Amérique du sud offre des perspectives intéressantes.
Idem avec le projet du Canal Seine-Nord dont les travaux ont commencé. L’occasion, pour connecter l’axe Seine au vaste réseau constitué par la Meuse, l’Escaut, le Rhin et l’Elbe plus au nord. Quelle inscription de la Normandie, de la Seine-Maritime avec l’espace hanséatique, héritage de “l’ancienne ligue hanséatique“, mais aussi nouveau terminal de la Route de la soie ouverte par la Chine ?
C’est aussi cela travailler le projet “Capitale européenne de la Culture”. Comment notre région notre département, ses acteurs économiques, sociaux, culturels, ses citoyens participent à la construction d’un nouvel espace européen fort de son identité, mais connecté au Monde?
Dans un récent épisode de la formidable émission “le dessous des cartes”, Arte a souligné l’enjeu que sont les fleuves en Europe.
Regardez la vidéo ci-dessous.


Source: Le dessous des Cartes Arte

Compte rendu de la visioconférence avec M. Rok Zagorski, premier ministre plénipotentiaire de l’Ambassade de Slovénie

C’est avec un très grand intérêt que 36 participants ont suivi le jeudi 25 novembre la visioconférence avec Monsieur ROk Zagorski, premier ministre plénipotentiaire de l’Ambassade de Slovénie à Paris. Cette visioconférence était animée par Jean-Marc Delagneau, vice-président du Mouvement Européen de Seine-Maritime.

Pour voir la visioconférence, aller à la fin de l’article

La Slovénie a pris la Présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne pour la deuxième fois, du 1er juillet au 31 décembre 2021. Cette Présidence s’intercale entre celle du Portugal dont nous avions reçu l’Ambassadeur au printemps dernier et celle de la France à partir du 1er janvier 2022.

Un petit Etat jeune, indépendant depuis 1991

Monsieur Rok Zagorski a d’abord rappelé que la Slovénie était un état jeune, qui a accédé à l’indépendance en 1991 et adhéré à l’Union Européenne en 2004.  Il est entré dans la zone Euro en 2007.  Vu la taille de la Slovénie, le réseau d’ambassadeurs est faible: 45 seulement dans le monde, mais avec une représentation permanente à Bruxelles. La première expérience de la Présidence du Conseil de l’Union Européenne en 2008 fut donc assez difficile pour un jeune état alors inexpérimenté et confronté à des dossiers très difficiles.  La simplification institutionnelle du Traité de Lisbonne en 2008 a distingué la Présidence permanente du Conseil Européen des chefs d’état sur 2 ans et la Présidence semestrielle du Conseil de l’Union Européenne. La Slovénie a pu ainsi se concentrer sur cette nouvelle présidence actuelle et bien la préparer en amont.

Les priorités de la Présidence Slovène

La Slovénie s’est fixée 4 priorités en concertation avec les deux autres  membres précédents du trio qui s’achève, le Portugal et l’Allemagne , ainsi qu’avec la France qui sera le premier membre du trio suivant. Ces 4 priorités sont:

  • améliorer la résilience sanitaire de l’Union en temps de Covid, ainsi que les résiliences énergétique et alimentaire rendues nécessaires la crise climatique;
  • préparer la Conférence sur l’avenir de l’Europe dont les conclusions sont prévues en mai 2022;
  • renforcer l’état de droit en Europe, en tant que valeur européenne commune, en respectant les traditions et systèmes constitutionnels nationaux;
  • renforcer au niveau sécurité les relations transatlantiques de l’Union Européenne, avec les Etats-Unis et l’OTAN, pour qu’elle soit capable aussi d’assurer la sécurité et la stabilité de son voisinage, notamment dans les Balkans occidentaux.

Les questions des participants

Suivent alors les questions des participants, elles portent principalement sur la politique migratoire de la Slovénie, sur ses relations avec la Croatie et la Bosnie Herzégovine (un article de presse avait évoqué au printemps dernier la volonté officieuse du président slovène d’aboutir à son démantèlement), la perception de l’Union Européenne par la population slovène, les relations de la Slovénie avec la France et la place de la langue française dans son système éducatif.

  • Question sur la politique migratoire

Monsieur Rok Zagorski souligne que la Slovénie avait été traumatisée par l’afflux de migrants dans les Balkans en 2015. L’Allemagne accueille certes, mais sous traite avec la Turquie la maîtrise des flux. Comme la Slovénie appartient à l’espace Schengen, sa frontière fait barrage aux flux venant de Croatie, qui n’appartient pas à cet espace, ce qui constitue un problème complexe à résoudre.

  • Question sur la situation dans les Balkans occidentaux

En ce qui concerne la Bosnie Herzégovine, fédération de trois entités, croate, serbe et bosniaque, l’évolution du statu quo actuel ne peut être que lent, car on se souvient du traumatisme de la guerre occasionnée par le démantèlement de la Yougoslavie, de l’intervention de l’OTAN pour geler le conflit en 1995. L’Union Européenne devrait s’intéresser de plus près à ces questions qui constituent une menace pour la paix. La Slovénie attend aussi de l’Union Européenne la fixation d’un calendrier d’intégration pour la Serbie, la Bosnie et le Monténégro qui aurait surement un effet pacificateur et couperait court aux manoeuvres de grandes puissances hostiles à l’U.E. Elle reconnaît cependant qu’un plan d’investissement important de 30 milliards d’Euros a été lancé par l’U.E. pour la connectivité, la logistique et les infrastructures dans la région des Balkans occidentaux.

  • Questions sur la perception de l’union Européenne, les relations avec la France et l’enseignement de la langue française 

La population slovène est très pro-européenne et elle s’est d’ailleurs exprimée à chaque fois positivement par référendum, pour rejoindre l’Union Européenne puis pour entrer dans la zone Euro.  Les relations avec la France sont très bonnes, les réunions pour la préparation de la présidence française l’ont montré, et la langue française est enseignée en Slovénie. Les participants ont d’ailleurs pu le constater au travers du maniement de notre langue par Monsieur Rok Zagorski que le Mouvement Européen de Seine-Maritime remercie pour son intervention dans cette période très chargée.

 

Synthèse intervention de Jorge Torres-Pereira, Ambassadeur du Portugal

Mardi 20 avril 2021 à 16 heures
Conférence animée par Jean-Marc Delagneau

Synthèse réalisée par Alain Ropers.

Vidéo de la conférence, à la fin de l'article

Un rendez-vous bisannuel:

Depuis quelques années, le Mouvement Européen de Seine Maritime saisit l’occasion de la Présidence Tournante du Conseil de L’Union Européenne, pour organiser une rencontre avec l’Ambassadeur, ou une haute personnalité diplomatique, du pays concerné. Ainsi, après le Ministre Plénipotentiaire de l’Ambassade d’Allemagne il y a six mois, c’est Son Excellence Jorge Ryder TORRES-PEREIRA, Ambassadeur du Portugal en France qui a accepté de nous consacrer du temps pour nous exposer les  et répondre à nos questions.
Continuer la lecture de Synthèse intervention de Jorge Torres-Pereira, Ambassadeur du Portugal

Mouvement européen, l’Histoire

Le 24 février Pauline Gessant et Bernard Deladerrière du ME-France ont animé une conférence sur l’histoire du Mouvement Européen-France et international. Les deux intervenants sont revenus sur plus de 70 ans d’histoire, son évolution  jusqu’à aujourd’hui. Vous trouverez ci-dessous au format PDF, les documents mis à notre disposition par Pauline et Bernard : 

Le Portugal, préside le Conseil de l’Union européenne

Après l’Allemagne et avant la Slovénie, le Portugal assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pendant un semestre, du 1er janvier au 30 juin 2021.
C’est dans ce cadre que d’ici quelques semaines, le Mouvement européen de Seine-Maritime recevra  l’Ambassadeur du Portugal.

En attendant, nous vous proposons de découvrir  le Portugal au travers deux notes de synthèses réalisées par le réseau “Ateliers d’Europe”, un “think tank” membre  du Mouvement européen France. (https://www.atelier-europe.eu/qui-sommes-nous)

Télécharger la  fiche complète:  A.2_Fiche Portugal – Atelier Europe .docx
Télécharger la note de synthèse: A.2bis-SYNTHESE-PORTUGAL.docx

Myanmar : Aide humanitaire et sanctions

Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité/vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, lors d’une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères du Brunei Darussalam, Dato Erywan Yusof, a souligné son soutien aux efforts de l’Envoyée spéciale des Nations Unies pour le Myanmar, Christine Schraner Burgener, pour tenter d’obtenir un accès complet et d’établir un dialogue sur le terrain.  Le Haut Représentant/Vice-Président a encouragé l’ASEAN dans ses efforts pour instaurer un dialogue et trouver une voie à suivre.  Il a insisté, l’Union européenne est prête à apporter son soutien. Le haut représentant/vice-président Borrell a réitéré l’attente de l’UE que l’armée libère tous ceux qui ont été arbitrairement détenus, respecte les droits fondamentaux du peuple birman et s’abstienne de toute violence.

Josep Borrell a exposé les options envisagées par l’Union européenne, notamment en ce qui concerne d’éventuelles nouvelles mesures restrictives.  

Appel à la désescalade

Les ministres des affaires étrangères de l’UE se sont réunis pour discuter de la situation et de la voie à suivre lors du Conseil des affaires étrangères du 22 février.
Dans les conclusions, les ministres ont appelé à une désescalade de la crise actuelle par la fin immédiate de l’état d’urgence, le rétablissement du gouvernement civil légitime et l’ouverture du parlement nouvellement élu.  Ils ont de nouveau appelé les autorités militaires à libérer immédiatement et sans condition le président U Win Myint, le conseiller d’État Daw Aung San Suu Kyi et tous ceux qui ont été détenus ou arrêtés dans le cadre du coup d’État.

Non seulement les autorités doivent faire preuve d’une retenue maximale, mais toutes les parties doivent s’abstenir de toute violence.

Défendre la démocratie

Alors que l’UE est prête à soutenir le dialogue avec toutes les parties prenantes clés pour résoudre la situation, le Conseil a déclaré que l’UE était prête à adopter des mesures restrictives visant les personnes directement responsables du coup d’État militaire et leurs intérêts économiques. Dans le même temps, l’UE continuera à revoir tous ses outils politiques à mesure que la situation évolue, y compris sa politique de coopération au développement et ses préférences commerciales.
L’UE continuera à fournir une aide humanitaire et cherchera à éviter les mesures qui pourraient avoir des effets négatifs sur la population du Myanmar/de la Birmanie, en particulier les personnes les plus vulnérables.

L’Union européenne parle d’une seule voix, s’impose sur la scène mondiale à l’égal des États Unis. Elle réaffirme ses valeurs et ses buts en défendant le principe de Démocratie qui doit s’appliquer à tous les peuples. 

L’Europe à l’heure numérique, les suites

Vendredi 4 décembre s’est tenue la conférence de synthèse du séminaire : l’Europe à l’heure numérique. Nous avons reçu Nicolas Mayer-Rossignol, Président de Métropole Rouen Normandie, Maire de Rouen et Mme Morin-Desailly, Sénatrice de Seine-Maritime.
La conférence a été introduite par Alain Ropers qui en quelques minutes a présenté une synthèse de nos travaux.

MINI-SYNTHÈSE GÉNÉRALE, par Alain Ropers

 Comme nous l’avons précisé au début de cette réunion, nous avons organisé deux cycles de visioconférences.

  • Un premier cycle au mois de juin sur le thème de la santé que nous avons abordé avec différents regards : celui du médecin, de l’industrie pharmaceutique, du législateur français et européen, et sous l’aspect de la solidarité entre états et de la souveraineté européenne en la matière. C’était passionnant.
  • Un deuxième cycle qui se termine aujourd’hui sur le thème du numérique qui bouleverse profondément nos sociétés. Nous y avons donc consacré quatre visioconférences, en invitant des personnalités qualifiées pour nous parler des enjeux économique, éthique, sociétal et géopolitique du développement numérique….   Pour lire la suite, cliquez ici

Visionnez les interventions de Nicolas Mayer-Rossignol et Catherine Morin-Desailly. Cliquez sur le lien: https://bit.ly/04-12-synthese-seminaire 

Intervention de Nicolas Mayer-Rossignol,

Fonctionnaire auprès de la Commission Européenne de 2003 à 2008, spécialiste de pharmacobiologie et actuellement, Maire de Rouen et Président de Rouen Normandie Métropole.
À la commission européenne, Nicolas Mayer-Rossignol était spécialisé dans le domaine du médicament, des vaccins et de la thérapie génétique. Ce domaine dépendait de l’Industrie, à présent ce domaine est rattaché à la Santé.
Monsieur Mayer-Rossignol est en disponibilité actuellement … Pour lire la suite, cliquez ici.

Intervention de Madame Catherine Morin-Desailly

L’Europe et le numérique, deux thèmes qui me sont chers. Le numérique est plus que jamais d’actualité ; en juin 2016 j’ai clôturé une réunion des jeunes européens au CNAM où je parlais du numérique ; or aujourd’hui, plus que jamais, le numérique est en pleine actualité.
Je reprends les propos de Nicolas Mayer-Rossignol, je partage avec lui l’idée que Rouen doit être une Eurocité, Rouen a tous les bons atouts pour y réussir, de plus l’attractivité de la Normandie passe par l’attractivité de ses villes.

Le parlement français fait des propositions de loi, comme le projet de loi contre la haine en ligne ; il est essentiel de préserver la liberté de la presse et la liberté d’expression.
Je sors d’une réunion où j’étais en lien avec des parlementaires de plusieurs pays pour mettre en place une régulation de l’Internet qui se joue au niveau européen, mais aussi au niveau mondial… Pour lire la suite, cliquez ici

Synthèse, par Alain Ropers

MINI-SYNTHÈSE GÉNÉRALE,

 Comme nous l’avons précisé au début de cette réunion, nous avons organisé deux cycles de Visio conférences.

  • Un premier cycle au mois de juin sur le thème de la santé que nous avons abordé avec différents regards : celui du médecin, de l’industrie pharmaceutique, du législateur français et européen, et sous l’aspect de la solidarité entre états et de la souveraineté européenne en la matière. C’était passionnant.
  • Un deuxième cycle qui se termine aujourd’hui, sur le thème du numérique qui bouleverse profondément nos sociétés. Nous y avons donc consacré quatre visioconférences, en invitant des personnalités qualifiées pour nous parler des enjeux économique, éthique, sociétal et géopolitique du développement numérique.

L’ENJEU ÉCONOMIQUE:

Lors de notre première visioconférence, nous avons écouté Manuela Portier, présidente de Cap Digital.
Elle a choisi d’axer son propos non pas sur l’économie à proprement parler, ni même sur le numérique, mais plutôt sur l’impact du numérique pour aider à la transformation de l’économie, vers une économie plus vertueuse, centrée sur les objectifs de l’Union Européenne, à savoir la transition énergétique, le développement du numérique et son indépendance.

Elle a montré comment cette démarche de mise en réseau d’acteurs qui n’avaient pas forcément l’habitude de travailler ensemble pouvait aider à l’apparition de villes vertueuses.
Accéder à cette conférence: https://mouvement-europeen76.eu/europe-numerique-economie/

L’ENJEU ÉTHIQUE:

Pour notre deuxième visioconférence, l’invitée, Elodie-Paola Palombi, fondatrice de la société EDI, ou Ethic Digital Impact.
Elle a attiré notre attention sur la formidable révolution que nous vivons actuellement, après l’apparition de l’agriculture au néolithique et l’apparition de l’industrie au dix-neuvième siècle.

L’homme est confronté aux réseaux et au temps réel, ce qui entraine des dérèglements sociaux, économiques, civilisationnels et environnementaux, enjeux auxquels l’éthique, nous impose d’apporter des réponses et donc de mettre en place le développement durable, auquel le numérique peut apporter du positif comme du négatif.
Accéder au compte rendu de cette conférence: https://mouvement-europeen76.eu/suite-conference-ethique/ 

L’ENJEU SOCIÉTAL:

Pour la troisième visioconférence, notre invité était Philippe Vidal, professeur des universités en géographie et en aménagement actuellement en poste à l’université du Havre.
Il nous a montré les étapes du développement numérique dans les différents territoires européens, américains et chinois, et présenté les enjeux fondamentaux du numérique : les habitants, la régulation publique, la justice spatiale et sociale, la formation, la démocratie et la gouvernance.

Pour lui l’Europe et les citoyens européens sont à la croisée des chemins, et devra choisir, parmi les scénarios possibles, de favoriser un modèle humaniste plaçant l’humain au centre de l’innovation et prônant une société ouverte, démocratique et durable.
Accéder au compte rendu de cette conférence: https://mouvement-europeen76.eu/enjeu-societal-compte-rendu/

L’ENJEU GÉOPOLITIQUE:

Pour notre quatrième visioconférence notre invité était Gilles Babinet, vice-président du Conseil National du numérique, un collège de trente membres nommés par le premier ministre, et chargé de représenter la France à Bruxelles en ce qui concerne le numérique.
Il nous a expliqué la fin des modèles régaliens, puisqu’aujourd’hui de nombreux acteurs comme les hackers, les géants du numériques, etc. prennent une puissance aussi grande voire plus grande que les états, et que cela menace notre souveraineté numérique.

Selon Gilles Babinet le destin de l’Europe est de faire émerger un projet européen de démocratie technologique, et surtout, il est urgent de penser à long terme, en misant, par exemple sur le développement d’une cyber défense européenne, ce qui se rapproche de la recherche fondamentale.

Deux courtes phrases de Gilles Babinet peuvent résumer ces quatre visioconférences :
Accéder au compte rendu de cette conférence: https://mouvement-europeen76.eu/compte-rendu-enjeu-geopolitique/ 

« Tout n’est pas perdu. Mais il faut se réveiller. »

 

 

L’Europe à l’heure numérique: Nicolas-Mayer Rossignol

Fonctionnaire auprès de la Commission Européenne de 2003 à 2008, spécialiste de pharmaco-biologie et actuellement, Maire de Rouen et Président de Rouen Normandie Métropole.
A la commission européenne, Nicolas Mayer-Rossignol était spécialisé dans le domaine du médicament, des vaccins et de la thérapie génétique. Ce domaine dépendait de l’Industrie, à présent ce domaine est rattaché à la Santé. Monsieur Rossignol est en disponibilité actuellement .

Smart City ?

Rouen s’appuie sur le numérique pour pousser sa candidature à Rouen Capitale Européenne de la culture, candidature sur laquelle nous fondons beaucoup d’espoirs.
Lorsque l’on parle de Digital et de Smart City on a souvent le sentiment que mettre du numérique et de la technologie est forcément positif mais il faut rester prudent car l’évolution technologique n’est que ce que l’on en fait, elle n’est pas intrinsèquement un gage de moralité d’intelligence progressiste, sociale, inclusive, bienveillante, durable… Il faut garder en tête ce principe, mais ce principe de prudence n’est pas un principe d’inaction, mais un principe selon lequel l’action doit être dirigée par l’humain. Smart City ne résout pas tout. Il y a quelques années on croyait que l’Internet allait ouvrir toutes les portes, cela a fermé des portes à certains.

L’ambition de la Métropole sur le numérique est forte ; on dispose déjà d’une filière numérique et le pourcentage d’emploi est en croissance depuis 10 ans, même si on est encore loin d’autres régions il existe une dynamique numérique dans la Métropole, avec un écosystème (e-commerce, usine 4.0 …) encouragée par les attentes des citoyens. Rouen Métropole Capitale du monde d’après intègre un projet de métropole connecté sur plusieurs dimensions : administration, participation citoyenne, inclusion, mobilité, open data qui seront déployés tout au long du mandat. Travailler à un forum de la résilience e-numérique permet de développer l’intelligence collective.

Le numérique intervient dans tous les aspects de la vie de la ville de Rouen. Dans le domaine universitaire, Erasmus a encouragé les échanges d’étudiants, désormais les étudiants font une partie de leurs études à l’étranger. Il y a des étudiants norvégiens au lycée Corneille, il faut multiplier et développer ces échanges entre pays européens.

Le digital a fait évoluer la vie quotidienne de la ville, cela nous a aidés par exemple à faire face à la gestion des déchets. Nous pourrions avoir une application qui donnent les horaires des camions poubelle, le niveau de remplissage des containers…Rouen a du retard, mais nous travaillons à rattraper ce retard. Pendant la crise sanitaire les élus ont mis des moyens en ligne pour garder le contact avec les habitants. En tant que maire je suis disponible tous les vendredis à 18 heures pour des échanges en visioconférence ouverte à tous. Nous développons une intelligence collective. Les élus ont préparé la rentrée des classes avec les parents par visioconférence, il y a eu des échanges qui ont permis de faire émerger des idées auxquelles nous n’avions jamais pensé auparavant.

La Métropole rouennaise et l’Europe :

L’apport européen est fondamental, nous partageons des valeurs, un modèle de société, en plus de la science et de la technologie. C’est un sujet de résilience et un apport culturel. Le levier culturel est essentiel dans la transformation de notre territoire. La Seine est un axe qui est loin de nous unir, on vit chacun de son côté, mais pas ensemble. Rouen ne donne pas l’image d’emblée d’une ville portuaire. Il y a un potentiel inexploré, il y a des flux intéressants : flux de bateaux, flux de d’étudiants, il y a des festivals. Notre territoire souffre d’un déficit de friche portuaire ; il y a un grand besoin de changement, nous sommes dans l’attente de la transition sociale et écologique, de transition numérique et agricole.

Le lien de la Métropole et l’Europe sous l’angle numérique est très fort ; le numérique autorise les échanges et collaborations entre les grandes villes européennes qui partagent des problématiques identiques (difficultés économiques, liens historiques…).

Les relations Europe – Métropole se manifeste aussi au travers du projet de Rouen Capitale Européenne de la culture. Ce projet doit inscrire notre métropole dans la dynamique européenne mais aussi être, au-delà de 2028, un véritable levier pour le développement et la transformation de notre territoire sur la décennie ou plus et un levier de lien entre nous (le vivre ensemble et non côte à coôte) ; c’est du point de vue de Nicolas Meyer-Rossignol un véritable enjeu d’enrichissement : entre quartiers, entre rives mais aussi dans notre rapport à notre environnement, lien entre les villes portuaires d’Europe par exemple ; et l’Europe est un catalyseur formidable pour notre futur.

Malgré les efforts de ces dernières années pour faire évoluer notre métropole, le monde a aussi évolué et les attentes de nos citoyens également ; et pour cela on a aussi besoin d’Europe, pas seulement en termes d’aides financières mais aussi pour nous nourrir des expériences européennes en matière d’urbanisme, de logement, de mobilité. Par exemple en mobilité active sur 100 produits qui entrent ou sortent du port de Rouen 75 le sont via la route 20 via le fleuve et 5 via le train ; ce n’est évidemment pas satisfaisant pour demain et des solutions inspirantes existent ailleurs en Europe. Nous pouvons nous nourrir des expériences Européennes comme la ville de Leipzig qui peut nous inspirer pour l’habitat et la mobilité. Il faut s’intéresser aux mobilités actives : utiliser les vélos etc. Il faut s’intéresser au ferroutage, d’autres pays européens l’ont fait avec succès, pourquoi pas nous. À Anvers, qui a mieux compris les impératifs écologiques, les chargements partent par canaux.

Redonner envie d’Europe :

Nous devons redonner envie d’Europe, pas seulement pour des raisons économiques mais aussi pour ses valeurs, les échanges, la fraternité, la laïcité. Rouen doit retrouver sa place dans les radars européens dans les réseaux de villes portuaires, de jeunesse en s’appuyant sur ses institutions publiques mais pas que… elle doit aussi s’appuyer sur ses entreprises, ses associations, ses citoyens.

En réponse à Bernard Deladerrière et Jean-Marc Delagneau, l’idée de développement d’un partenariat d’axe Seine avec l’axe Hanovre- Berlin est une idée à creuser et aussi développer une vision de transformation industrielle avec Hanovre de méthode industrielle de dépollution.  Un partenariat pourrait s’organiser dans ce cadre portant sur un écosystème à déployer et le développement des énergies marines renouvelables.

 trois mots clé pour conclure :

  • Technologie et démocratie
  • Transitions
  • Lien : notion de fraternité, de solidarité, solidarité militaire, mais aussi solidarité des peuples.

L’identité de notre capitale normande doit évoluer. Nous avons besoin d’un lien entre Rive Droite / Rive Gauche et entre les communes de la Métropole. Nous pouvons enrichir nos liens avec les villes de la Hanse.

 

 

 

 

L’Europe à l’heure numérique, Catherine Morin-Desailly

Intervention de madame Catherine Morin-Desailly

L’Europe et le numérique, deux thèmes qui me sont chers. Le numérique est plus que jamais d’actualité ; en juin 2016 j’ai clôturé une réunion des jeunes européens au CNAM où je parlais du numérique, or aujourd’hui le numérique est plus que jamais en pleine actualité.
Je reprends les propos de Nicolas Mayer-Rossignol, je partage avec lui l’idée que Rouen doit être une Eurocité, Rouen a tous les bons atouts pour y réussir, de plus l’attractivité de la Normandie passe par l’attractivité de ses villes.

Le parlement français fait des propositions de loi, comme le projet de loi contre la haine en ligne ; il est essentiel de préserver la liberté de la presse et la liberté d’expression.
Je sors d’une réunion où j’étais en lien avec des parlementaires de plusieurs pays pour mettre en place une régulation de l’Internet qui se joue au niveau européen, mais aussi au niveau mondial.

Cette technologie est très jeune, sa puissance de transformation n’en finit pas. La technologie numérique est l’épine dorsale de notre société, ses implications sont économiques, politiques… 57% de la population mondiale est connectée. Il faut toutefois noter que ce chiffre comprend 90% d’habitants de pays membres de l’OCDE. Fin 2012, il existait 1,4 milliards de terminaux, en 2020, ce sont 14 milliards, soit dix fois plus. Il y a une accélération des données en ligne, données de santé, éducation, finance, culture, handicap et solidarité. La crise sanitaire a accentué l’usage de l’Internet. Nous avons connu le Web social avec B&B, puis le «3.0» avec les puces que l’on trouve partout : voitures, machines à laver, objets connectés, on arrive à présent au «4.0» qui concerne la santé, un Web généticien.
Aux États-Unis, Bill Clinton a pris les devants en 2000 sur le plan législatif pour maîtriser le système avant son développement. La Chine et la Russie ont suivi.

Un enjeu stratégique

L’Europe n’est qu’un petit satellite, nous n’avons pas d’acteurs de premier plan. Nous avons perdu notre souveraineté. La stratégie européenne ne se soucie pas de savoir si l’Europe sera composée de consommateurs, de producteurs ou d’acteurs. L’Europe a bien identifié le problème, mais a surtout axé sur les usages du numérique. Les révélations de l’affaire Snowden ont changé la donne. L’affaire Cambridge Analytica où il est avéré que l’on a manipulé les données pour influencer le vote des électeurs en faveur de D. Trump. Le Brexit a aussi largement fait l’objet de manipulations de ce type. Depuis tous les forums mettent en avant leurs qualités de sécurité.
Cédric O, Secrétaire d’État à la Transition numérique, a confié à Microsoft TousAntiCovid. Le Health data Hub a été confié à Microsoft avec nos données de santé, au prétexte que nous n’avons pas de sociétés capables en Europe. On ne fait pas confiance aux entrepreneurs européens.

Cinq axes pour l’Europe

Thierry Breton est très actif dans ce domaine, c’est notre chance. L’Europe est coincée entre le capitalisme de surveillance et le modèle chinois, autoritaire. L’Europe ne doit pas se résigner, elle a un rôle à jouer. Il nous faut retrouver un modèle vertueux, un modèle conforme à nos valeurs. Voici 5 axes

  1. Protection des données (RGPD)
  2. Régulation / offensive du numérique.
  3. Prendre des mesures fiscales. Préférence communautaire. Small business Act. Réguler les plateformes. Digital Services Act. Établir un statut d’hébergeur/éditeur. Il y a une urgence démocratique à régler. Il faut avoir une politique industrielle qui permette d’aider les entreprises européennes qui existent. Favoriser la Greentech.
  4. Peser dans la gouvernance mondiale de l’Internet.
  5. L’appropriation citoyenne est indispensable, les citoyens doivent être aguerris pour peser sur les évolutions culturelles et politiques.

Les américains utilisaient nos données. Avec GAIA-X, le projet de cloud européen franco-allemand, je me réjouis, nous avons l’espoir d’un véritable retour de notre souveraineté. Google abusait de sa position de force pour favoriser ses propres partenaires ; il faut revoir les règles de la concurrence. Il nous faut une directive qui donnera un statut à ces plateformes et évite la manipulation. On a proposé aux plateformes de s’autoréguler, c’est une mauvaise solution, il ne faut pas les laisser décider, cela leur donnerait davantage de pouvoir. Depuis un an les Démocrates américains parlent de démantèlement. La polémique dans l’affaire Breton montre la volonté d’ingérence pour détruire les tentatives de régulation

De nouveaux clivages politiques

Jean Louis Borloo a affirmé qu’il ne faut plus penser en termes de clivage droite / gauche ; il y a deux enjeux importants : 1. Relever le défi climatique. 2. Acquérir notre souveraineté vis-à-vis du numérique.
D’énormes progrès ont été réalisés grâce au numérique, en ce qui concerne la mobilité par exemple. Nous pouvons faire confiance à Thierry Breton. En France nous avons trop longtemps été naïfs. Toutefois nous avons su agir sur le RGPD et sur la culture, les ministres de la culture successifs ont su faire avancer la loi sur les droits d’auteur. Les plateformes reversent une partie des droits aux auteurs sur les textes publiés. Nous avons besoin d’une législation plus stricte. Il reste également à régler le problème du statut des plateformes. Je regrette les pantouflages, notamment les fonctionnaires européens en charge de la concurrence. Lire le livre de Shoshana Zuboff : L’Âge du capitalisme de surveillance.

Questions du public :

Question de M. Legendre : « Comment contrôler les lobbies ? »
Réponse de CMD : la législation est à créer. Difficile de trouver un avocat : ils travaillent tous pour les géants américains.

Question de Gérard Grancher : « Comment inciter nos concitoyens européens à utiliser Qwant plutôt que Google et Libre office plutôt que Microsoft ? »
Réponse de CMD : « Il faut choisir la préférence communautaire, l’État devrait faire de la publicité pour faire connaitre Qwant. Les Américains ont financé tous les développements d’Apple.

Deux questions de Valérie Milaire : « Comment dès la petite enfance sensibiliser à la protection des données ? » et « Comment permettre l’accès au numérique pour tous ? »
Réponse de CMD : « Il faut arriver à une montée en puissance du numérique pour tous. La formation des maîtres a changé, on les forme au numérique désormais. Il a fallu former des formateurs pour que tous les enseignants soient compétents. Pas d’écran avant 3 ans, pas d’Internet avant 6 ans. La Région a fait un effort pour les Mairies n’ont pas toujours les moyens financiers d’équiper toutes les écoles. L’enjeu est important car tout passe par le numérique.

Compte rendu rédigé par Florence Aston le vendredi 4 décembre.