Écosse

Écosse: à quand l’indépendance?

À cause du Brexit, l’Écosse se lance dans  la bataille 

 La réalité de l’accord poussera-t-elle davantage d’ Ecossais à demander l’ indépendance ? Pour les fidèles militants indépendantistes écossais, en ce soir de Noël, le message n’aurait pas pu être plus clair. Le seul moyen d’échapper à la catastrophe du Brexit est de quitter le Royaume-Uni le plus tôt possible en obtenant l’indépendance.

Le Brexit a considérablement changé la nature du soutien à apporter à l’obtention de l’indépendance. En effet  62% des Écossais ont voté pour rester dans l’UE en 2016.  Un vote qui est diffèrent dans d’autres parties du Royaume-Uni. Mais la question demeure de savoir si la conclusion d’un accord commercial et de sécurité post-Brexit fera évoluer les sentiments des électeurs. . . .

Espoirs non encore concrétisés

Hélas  le “rebond du Brexit” attendu ne s’est pas matérialisé immédiatement. Les électeurs sceptiques redoutaient davantage d’incertitude constitutionnelle. Les sondages ont montré une augmentation constante du soutien à l’indépendance au cours des quatre dernières années. Après le vote sur le Brexit, il y a eu une mouvement de balancier. Il y avait les Écossais qui avaient voté contre le Brexit puis contre l’Indépendance, et les électeurs qui abandonnaient leurs aspirations nationalistes.

Nicola Sturgeon impressionne

Depuis lors, le nombre croissant de soutiens à l’indépendance a fait une percée parmi les électeurs pour le Brexit ou contre le Brexit. Une poussée cette année a vu le soutien à l’indépendance atteindre jusqu’à 58% dans les sondages. Progression  attribuée en partie à la direction du SNP et  la gestion impressionnante de la pandémie par Nicola Sturgeon. C’est loin des proportions considérables auxquels aspirent certains dans le camp indépendantiste. Ils croient devoir obtenir des chiffres convaincants  pour éviter une division de style Brexit. Mais cela a néanmoins mis le cabinet du gouvernement de Londres sur le pied de guerre.

Préjudice subi par les Écossais

Le SNP exposera des cas de pertes spécifiques subies par les écossais dans le détail de l’accord. On peut citer par exemple l’exclusion des pommes de terre de semence, une exportation écossaise d’excellence.

 Le premier test significatif qui permettra de savoir qui gagnera cette bataille sera les élections parlementaires écossaises de mai. Le SNP prévoit déjà de remporter la majorité à Holyrood. Cette victoire, selon beaucoup de gens, plaidera en faveur d’un deuxième référendum sur l’indépendance. Ce sera sans appel.

Soutien du parti travailliste

 Keir Starmer va encourager ses députés à soutenir un accord « minimum » sur le Brexit. Pour Curtice, le soutien du parti travailliste britannique sur l’accord du Brexit, lors de la séance de la semaine prochaine, va rendre la campagne difficile.  La position des dirigeants britanniques sur le Brexit a entravé l’action du parti écossais lors des dernières élections générales.

 « Si les travaillistes veulent faire appel à l’électorat écossais après avoir voté l’accord, ce sera très difficile.  Il est peu probable que les électeurs toujours mécontents du Brexit se tournent vers les travaillistes écossais, et le SNP a déjà englouti une grande partie d’entre eux. »

Boris Johnson, incarnation du Brexit

Lors des dernières élections de Holyrood, tenues juste avant le vote du Brexit, l’opposition de l’ancienne dirigeante conservatrice écossaise Ruth Davidson au Brexit lui a permis de mettre effectivement de la distance entre les conservateurs écossais, leurs homologues britanniques et Boris Johnson lui-même, l’homme qui reste, pour beaucoup d’ électeurs écossais,  l’incarnation du Brexit.

En Écosse, le successeur de Ruth Davidson est bien conscient de l’effet du Brexit sur le soutien à l’indépendance. Mais les stratèges conservateurs écossais pensent qu’ils peuvent neutraliser efficacement la critique constante contre le Brexit . Ils pensent y parvenir en soulignant la division et le chaos qu’un autre référendum sur l’indépendance pourrait apporter. Ils incitent aussi sur les incertitudes pratiques de l’indépendance lors d’un éventuel retour vers l’UE.

Problèmes de la pêche en Écosse à cause du Brexit

Réductions de la pêche à la morue et à l’aiglefin

Un rapport  du gouvernement écossais montre des augmentations des quotas de pêche interviennent dans seulement cinq des treize zones de pêche autour de l’Écosse. Les flottes de pêche écossaises font face à des réductions de quotas de pêches précieuses.  Moins de cabillaud et moins d’aiglefin. gouvernement écossais s’estime perdant dans le cadre de l’accord du Brexit qu’a négocié  le Royaume-Uni. Elle a déclaré que son analyse montrait qu’il y aurait des augmentations du quota disponible pour les chalutiers écossais dans seulement cinq des 13 zones de pêche autour ou à proximité de l’Écosse, avec des chutes claires dans plusieurs des plus grandes telles que le cabillaud de la mer du Nord.

Pêche en Écosse

Quotas : qui perd, qui gagne ?

Fergus Ewing, le secrétaire du cabinet écossais pour l’économie rurale, a déclaré que malgré les affirmations du gouvernement britannique, cela ne promettait rien de bon. Selon le gouvernement,  l’accord augmenterait considérablement les captures des chalutiers nationaux. Mais en fait de nombreuses compagnies de pêche et des ports allaient subir des impacts négatifs. C’était « profondément troublant », a-t-il dit. « Ces conséquences sont terribles pour les communautés côtières d’Écosse. Les faibles gains de quota pour le maquereau et le hareng sont largement anéantis par l’impact des pertes d’églefin, de morue et de lieu noir et cela menace de nuire aux emplois terrestres et aux entreprises trop liées aux ports, aux marchés aux poissons et aux installations de transformation.

Pas d’accord sur les chiffres

Cependant, un haut responsable de l’équipe de négociation britannique a déclaré qu’il « ne s’y reconnaissait pas » dans les chiffres du gouvernement écossais. Il ajouta que dans l’ensemble, l’accord profiterait à la transformation du poisson. Il serait également favorable à l’élevage du saumon. Encore, l’accord serait bénéfique  à l’exploitation des fruits de mer en Écosse. Cela profiterait également à la pêche de haute mer. Il a déclaré que l’obtention d’un accord de libre-échange signifiait qu’il n’y aurait pas de droits de douane. Il n’y aurait pas non plus de quotas imposés sur les exportations de produits de la pêche et des fruits de mer du Royaume-Uni vers l’UE. En revanche, la Norvège, qui exporte également d’importantes quantité de  fruits de mer, devra payer des droits de douane sur ses ventes à l’UE.

Merlan et lieu noir

Le gouvernement britannique avait également négocié des augmentations de quotas, demandés par les ministres écossais, au cours de la période d’ajustement de cinq ans et demi qui se termine en 2025. La négociation comprenait aussi le merlan bleu, la baudroie de  mer du Nord, le turbot et le lieu noir à l’ouest de l’Écosse, a déclaré un officiel. Il a ajouté que le quota substantiel de hareng de la mer du Nord du Royaume-Uni serait augmenté de 10%. Il a affirmé que le Royaume-Uni devait respecter l’accord de libre-échange ainsi conclu. On se devait de respecter l’impact des réductions de quotas pour les pêcheurs de l’UE. En effet, cela permettait de s’assurer que l’accord respecte les intérêts des deux parties.

Les quotas ont baissé en Écosse

« Il est absolument clair que l’accord conclu apportera une valeur énorme aux pêcheurs écossais pendant la transition et au-delà », a déclaré un officiel. L’analyse du gouvernement écossais a révélé que dans six compagnies de pêcheurs, le pourcentage du quota disponible pour les flottes britanniques pendant la période d’ajustement diminuerait. La perte visait en particulier les espèces les plus pêchées comme la morue, d’aiglefin et de merlan. Ces quotas incluent le cabillaud de la mer du Nord, l’une des pêches de poissons blancs les plus profitables. Leur nombre passerait de 63,5 % à 57 % pour le Royaume-Uni. L’aiglefin de la mer du Nord, autre pêche recherchée, passerait de 92,5 % du quota à 84,2 %.

Le gouvernement britannique est optimiste

Fergus Ewing a déclaré que les détails de l’accord présentaient  bon nombre de soit disant avantages impossibles . De fait, plusieurs gains étaient irréalisables parce qu’ils étaient techniques. Ou bien encore ils n’étaient pas pertinents parce que les flottes de l’UE ne capturaient pas l’intégralité de leur quota. L’accord impliquait également que les pêcheurs britanniques ne pouvaient pas échanger de quotas avec les flottes de l’UE. « Le quota abandonné par l’UE ou négocié comme une victoire par le gouvernement britannique n’a aucune valeur. 9a ne vaut rien pour les intérêts de la pêche écossaise », a déclaré Ewing.

Les pêcheurs écossais se sentent lésés

Mike Park, le directeur général de la Scottish White Fish Producers Association, a déclaré que ses membres étaient profondément lésés dans le futur proche. Il n’est nettement certain que les pêcheurs tireraient  grandement bénéfice  de cet accord, une fois la période de transition terminée. « La question de la souveraineté et de notre capacité future à négocier des actions supplémentaires après la période de transition de cinq ans et demi semble assombrie. Il y a une telle complexité qu’il est difficile à l’heure actuelle de voir comment le gouvernement britannique peut utiliser sa souveraineté nouvellement recouvrée pour améliorer la situation de mes membres », a-t-il déclaré.

Abandonnés par le gouvernement britannique

La Fédération nationale des organisations de pêcheurs a condamné l’accord. Il le considèrent comme une victoire à la « Ted Heath » pour Boris Johnson. Ils font référence à la capitulation du Premier ministre Ted Heath devant les membres fondateurs de la Communauté européenne pour l’accès aux eaux britanniques. Ils disent que l’équipe britannique a bradé leurs intérêts. En effet l’accord n’empêche pas les chalutiers français et espagnols de pêcher à moins de six miles des côtes britanniques.

Les négociateurs démentent

L’équipe des négociateurs a démenti. Ils affirment que le Royaume-Uni a repris le contrôle souverain des eaux britanniques après une période de transition. Dans les faits, ce qui s’était passé en 1973 était diamétralement opposé à ce qui se passe aujourd’hui.

 

En lien avec la série sur le Brexit  et la pêche:

La Kirkella, espoir de la pêche britannique

Hull et le Yorkshire

Grimsby, la ville rivale de Hull

Articles du Guardian

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Arte. La pêche en danger

L’Écosse a voté contre le Brexit TV5 Monde

L’Écosse et la tentation de l’indépendance

 

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