Normandie Europe, Jean-Luc Léger est le président du CESER. Le Conseil Economique Social et Environnemental Régional est une instance officielle de la Région. Aux côtés du Conseil régional, il constitue la « deuxième chambre » de la Région.
Ses membres représentent les différents secteurs de la société civile. Ils sont désignés par le Préfet sur proposition des Organisations sollicitées par lui. On y retrouve des représentants des employeurs, des syndicats de salariés, du monde universitaire, de la recherche, des associations, du secteur agricole…, et des personnes qualifiées.
Mardi 9 mai 2023, journée de l’Europe
L’Europe et la Normandie
vue par Jean-Luc Léger
Président du CESER
Le CESER est un espace de prospective, de rencontres et de débats. Il émet des avis qu’il adresse au Conseil régional. Le président de région doit obligatoirement le consulter sur des objets obligatoires comme le budget régional. Il peut aussi solliciter son avis sur toute question ayant trait au développement régional. Le CESER peut aussi s’autosaisir.
La durée du mandat de ses membres est la même que celle des conseillers régionaux.
Jean-Luc Léger siège au CESER au titre des associations de jeunesse et d’éducation populaire.
Le 9 mai 2023, intervention de Jean-Luc Léger
Par son travail de prospective le CESER est une instance privilégiée pour avoir un regard d’ensemble sur la situation régionale. Le Mouvement européen 76 a souhaité entendre Jean-Luc Léger le 9 mai, journée de l’Europe, pour marquer le commencement de notre travail en direction des élections européennes de 2024.
D’ici octobre prochain, nous tenterons d’établir un diagnostic sur le regard que portent les normands et plus particulièrement les seinomarins sur leur relation à l’Europe. Nous souhaitons nous engager pleinement dans la campagne à venir autour de deux entrées: encourager les citoyens à voter, valoriser la plus-value européenne.
Cette démarche devrait nous aider à déterminer les territoires et les citoyens à rencontrer en priorité ainsi que les messages à valoriser d’ici juin 2024.
L’Europe, une institution technocratique et compliquée ?
Ce ressenti qu’ont beaucoup de français, repose pour une bonne part, sur le fait que les institutions européennes ne sont pas organisées sur le modèle français. Il n’y a pas d’un côté l’administration et de l’autre les usagers. L’Europe repose sur le dialogue et les échanges. L’Europe s’est construite pour une large part sur les traditions nord européennes qui font des échanges et de la construction de compromis un trait du fonctionnement politique.
C’est ainsi vrai au Parlement européen où l’on voit au fil des séances se construire des majorités impensables en France. C’est vrai aussi de la gestion des fonds européens.
Les fonds européens ne sont pas que des programmes à mettre en œuvre. Ce sont des espaces d’initiatives :”venez avec vos idées, on trouvera une solution de mise en œuvre”.
Jean-Luc Léger a souligné notamment l’exemple du « programme de reconversion professionnelle du secteur industriel » dont la Normandie bénéficie alors que le domaine industriel n’est pas une caractéristique dominante de notre région.
Une dynamique globale et durable
L’Europe s’inscrit dans une démarche au long cours qu’on oublie parfois. Historiquement, les politiques européennes s’organisent autour de grandes priorités: réduire les inégalités entre les territoires, pour lutter contre les distorsions de concurrence entre ces territoires, renforcer la cohésion sociale. Les fonds structurels d’un côté, le fonds social européen (FSE) de l’autre financent les programmes qui découlent de ces priorités.
Certains pays, certains territoires manient avec dextérité ces dynamiques et savent en tirer parti. Jean-Luc Léger a pris l’exemple des “Corridors européens, ces espaces régionaux interconnectés par des liaisons terrestres ou maritimes plurimodales.”. Ces axes soutenus par l’UE doivent aider à renforcer le squelette européen. Il existe plusieurs axes dont l’axe ouest qui relie le Nord-ouest et le sud-ouest européens.
ces espaces transnationaux sont des lieux de rencontres, de débats et de coopération. Ils sont source de synergie.
La Normandie et plus généralement la France est sous investie dans ces dispositifs alors que nous pourrions jouer un rôle pivot du fait même de notre implantation en Europe.
Nous pourrions dire la même chose à propos des macro-régions qui se développent comme par exemple l’ensemble « baltique », l’arc alpin, l’arc atlantique…
Gouvernance
Jean-Luc Léger est revenu également sur la gouvernance européenne en rappelant que ce sont les représentants des Etats qui exercent le leadership en Europe. Ils composent le Conseil européen et c’est ce Conseil européen qui a le pouvoir d’initiative. La commission européenne est un outil d’exécution même si elle exerce des prérogatives dans la préparation des décisions.
Les chefs d’Etat et de Gouvernement ont trop l’habitude de tirer la couverture à eux quand tout va bien et jeter l’opprobre sur la Commission quand tout va mal.
Depuis 2009 et le traité de Lisbonne le pouvoir des chefs d’Etat et de gouvernement est contrebalancé par celui du Parlement européen qui est devenu Co décisionnaire sur tous les sujets structurants. Cependant, le Parlement n’a pas encore le pouvoir d’initiative.
Cette évolution est importante, car élus au suffrage universel, les parlementaires font davantage entendre la parole des citoyens là où souvent les membres du Conseil européen doivent composer leurs intérêts particuliers et la dynamique européenne.
L’identité européenne
La construction européenne est une longue histoire qui se nourrit des crises qui traversent régulièrement le continent. Elle est née de la Guerre et de la mise en place du “rideau de fer”.
Elle a connu un nouvel élan en 1973 alors qu’USA et URSS s’accordaient sur les efforts militaires et la domination du monde; l’Union européenne et l’Euro sont nées de la chute du Mur en 1989. La crise de 2008 a donné une nouvelle impulsion.
Les événements que nous vivons actuellement : pandémie, guerre en Ukraine, climat débouchent…, sur des initiatives qu’il y a quelques mois encore, on pensait impossible.
Contrairement à que l’on entend souvent, les citoyens européens, les français notamment ont une image plutôt positive de l’Europe. Ce n’est pas tant l’Europe qu’ils rejettent que l’action nationale de leurs dirigeants.
A l’étranger l’Europe bénéficie d’une bonne image, même si les grandes puissances pour des raisons diverses mais convergentes sont tentées de la relativiser.
A l’échelle européenne, les citoyens ont des préoccupations convergentes: santé, pouvoir d’achat, temps et conditions de travail, emploi… Au-delà des spécificités nationales, ce constat témoigne d’une culture commune, d’une démarche.
Si fracture il doit y avoir, ce n’est pas tant entre les pays européens, mais plutôt entre les citoyens bien intégrés et les autres, entre les “insiders et les outsiders”.
Travailler à réduire cette fracture est certainement
un enjeu majeur des années à venir