Voici le quatorzième et dernier article sur le Brexit pour l’été 2021.
L’Union européenne a perdu le Royaume Uni, mais elle n’a pas perdu tous les Britanniques. Même si le gouvernement britannique a quitté l’UE, beaucoup de britanniques restent avec nous par le coeur. Certains n’acceptent pas le Brexit.
Faisons un petit tour de ce que nous avons appris au cours de l’été. Les articles portaient sur le Brexit et ses conséquences dans la vie quotidienne outre Manche.
Le Brexit commence à faire des ravages.
Pour les pro Brexit l’indépendance n’a pas de prix.
Brexit : et maintenant ? Les preuves s’accumulent…
Irlande du Nord
Des études indiquent que le commerce entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande a bénéficié économiquement du Brexit. Les entreprises d’Irlande du Nord s’approvisionnent désormais en ingrédients bruts au sud de la frontière en raison de l’absence de barrières douanières.
Le dernier rapport du CSO a montré que la valeur des biens importés d’Irlande du Nord vers la République d’Irlande a augmenté de 77%. Cela représente près de 1,8 milliard d’euros en plus au cours des six premiers mois de 2021, par rapport à la même période en 2020. Si l’Irlande du Nord rejoint l’Eire, elle n’aura pas de démarches à faire pour se retrouver dans l’UE. La frontière est maritime. Boris Johnson ne se soucie guère apparemment d’abandonner un million de protestants. L’Irlande du sud a-t-elle envie de les accueillir ? Certains prétendent même que l’Irlande du Nord est une charge financière pour le reste du Royaume.
Exportations britanniques en baisse
Trêve dans la guerre de la saucisse
Une situation fragile en Irlande du Nord
L’Irlande après un siècle de séparation entre Nord et Sud
Les chauffeurs routiers et l’approvisionnement
La situation de s’arrange pas. On manque toujours de chauffeurs routiers.
Un sondage récent a montré que plus d’un tiers des gens à travers le Royaume-Uni subissent des pénuries alimentaires. Les rayons sont vides dans les magasins de proximité. Les Ecossais sont toutefois plus particulièrement touchés par la pénurie de chauffeurs routiers. Les causes sont à chercher dans le Brexit et les conditions sanitaires . La plupart des produits importés des pays de l’UE passent par l’Angleterre. Après des contrôles partiels aux frontières, le chargement doit être transféré vers des camions pour des trajets plus longs. Et là on manque de chauffeurs.
Chauffeurs routiers pas assez nombreux au Royaume Uni
Formalités de douanes
Mais ce n’est pas tout. Il y a bien des chauffeurs routiers qui travaillent en Angleterre.
Ceux-là passent des heures d’attente pour pouvoir remplir les formalités de douane et passer la frontière avec l’UE. Les pro-Brexit qui accusaient l’UE d’accumuler les formulaires, ont doublé le volume de paperasse à remplir.
L’Écosse et l’impossible indépendance
L’Irlande du Nord a des chances d’être rattachée un jour au reste de l’Irlande. Mais l’Ecosse, où le non au Brexit était fortement majoritaire, a statistiquement moins de chances de rejoindre l’Union Européenne. La démarche est plus compliquée. Ça n’est pas prévu dans les textes du Brexit. L’Ecosse, grâce à ses éoliennes off-shore est autosuffisante en électricité. Au large des côtes écossaises on pourra extraire du pétrole pendant encore un bon nombre d’années. Et surtout pour faire un référendum, l’Écosse doit obtenir l’autorisation du gouvernement de Londres. Dans ces conditions, l’indépendance risque d’être plus un thème folklorique qu’une réalisation proche. C’est bien dommage car les Écossais sont bien sympathiques. Les relations amicales entre la France et l’Écosse perdurent depuis très longtemps. Les lecteurs assidus de Walter Scott le savent.
Fintan O’Toole. L’Écosse indépendante doit pouvoir rejoindre l’UE !
Écosse: à quand l’indépendance?
La pêche
Les Anglais vont pouvoir continuer de mange des “fish & Chips” en regardant la mer. Mais ils mangeront du poisson importé d’Islande. De plus le prix du poisson aura augmenté, comme beaucoup de produits importés.
La Kirkella. Le navire qui représentait les espoirs de la pêche britannique est en cale sèche à présent. On le transforme pour pouvoir le revendre. En raison du changement climatique beaucoup d’espèces de poissons ont migré vers les eaux froides et profondes, vers le nord et sont hors de portée des pêcheurs britanniques.
Les pêcheurs anglais pensent que les pêcheurs écossais ont obtenu un meilleur parti des accords avec l’UE. Les pêcheurs écossais pensent que les pêcheurs hollandais ont tiré un meilleur parti des accords avec l’UE. Tous les pêcheurs ont une chose en commun : ils sont mécontents et se sentent lésés.
Les négociations sur la pêche ont été la point clé des discussions sur le Brexit et de toute évidence les six derniers derniers n’ont apporté que déception et désillusion. Les promesses du gouvernement britannique n’ont pas été tenues.
La Kirkella, espoir de la pêche britannique
Grimsby, la ville rivale de Hull
Les éoliennes
Si certains avaient encore des doutes, le gouvernement de Londres a sacrifié la pêche une première fois lors du Brexit. Il a sacrifié la pêche une seconde fois en privilégiant l’implantation massive d’éoliennes. La priorité, pour le gouvernement britannique, c’est d’être auto suffisant au niveau énergétique. Une immense usine marée motrice apporte aussi des perspectives prometteuses. Le Royaume Uni devrait être autosuffisant au niveau électricité d’ici 2030. C’est ce que promet Boris Johnson. Le gouvernement britannique transgresse toutes les règles et accords commerciaux avec l’UE pour soutenir l’industrie privée dans ce domaine.
Les musiciens
La musique et la culture ne font pas non plus partie des préoccupations premières de Boris Johnson. Tout le monde l’a compris. Les journalistes de la BBC aussi l’ont bien compris, lorsqu’ils ont vu le budget de la BBC divisé par deux cette année. Visas, paperasse, frais supplémentaires et Covid, les embuches s’accumulent. Les musiciens britanniques ont besoin des tournée en Europe pour vivre et faire vivre leurs équipes. Ça devient trop compliqué et trop cher. Beaucoup d’artistes renoncent.
Pour les musiciens britanniques, l’avenir est compromis
L’agriculture n’a soit pas assez d’acheteur, ou pas assez de bras
Dans un champ de Norfolk, la vue de feuilles d’un vert luxuriant jaillissent du sol. elles donnent à l’agriculteur Ed Lankfer des raisons d’être optimiste. « Je pense que c’est l’une des meilleures cultures que nous ayons jamais cultivées », dit-il, en arpentant l’un de ses champs de betteraves à sucre. Mais hélas, si la récolte a des chances d’être excellente, il n’est pas sûr de les vendre. Le dirigeant de l’industrie de boisson sucrée voisine préfère acheter son sucre en Australie. Cette opération lui permet de faire des économies. Ce n’est pas bon pour le bilan carbone, mais ça n’est pas son problème! Ce n’est pas non plus un problème pour lui si les agriculteurs anglais du Norfolk sont ruinés.
Les légumes qui ne sont pas ramassés dans les champs, faute de main d’oeuvre. Fruits , baies rouges et bleues, les salades pourrissement sur place. Il n’y a pas assez de monde pour la cueillette et pas de camion pour les transporter.
Certes, dans l’Union Européenne, on manque aussi de main d’oeuvre. Mais les emplois non pourvus sont très souvent des emplois pour des ingénieurs. Dans le domaine de la cybercriminalité on a du mal à recruter, faute de candidats qualifiés. Par contre, au Royaume Uni ce sont les très nombreux travailleurs saisonniers, travailleurs immigrés qui font défaut.
D’autres petites misères attendent les Britanniques
Les éleveurs de volaille britanniques également, manquent de personnel, à cause du Brexit. Il se pourrait qu’ils ne soient pas en mesure de fournir assez de dindes pour satisfaire tous leurs clients pour le repas de Noël. Plus inquiétant encore la fermeture partielle cette semaine de la chaîne de restaurants Nando’s (chaîne de restaurants spécialisés dans le poulet et les plats végétariens). Chez KFC, (restauration rapide servant essentiellement du poulet) le choix a été réduit dans le menu. Tous ces éléments ont mis en lumière une crise de l’emploi renforcée par le Covid.
Not enough turkeys for Christmas due to Brexit, poultry producers warn
‘A perfect storm’: UK beet growers fear Brexit threatens their future
Boris Johnson et la presse
Journaliste, il racontait que l’UE exigeait des concombres tous du même calibre. Ses mensonges lui ont valu des problèmes dans sa carrière de journaliste. Cela ne l’a pas empêché de continuer à mentir et à faire des promesses qu’il n’a jamais eu l’intention de tenir. Une partie de la presse le soutient et relaye ses propos, même lorsque l’exactitude de ce que dit le Premier Ministre n’est pas prouvé. Il y a aussi une presse qui l’attaque ouvertement et le caricature.
Boris Johnson est un Premier Ministre assez populaire. Ses frasques font rire. Il sait s’adapter à son auditoire. Il est apprécié par certains comme Trump l’a été en son temps. B Johnson, par contre, a fréquenté les meilleurs écoles britanniques et a un accent très Posh. Chose remarquable, la liberté d’expression au Royaume Uni permet à ses détracteurs de s’exprimer librement et d’afficher publiquement leur désapprobation. Certains l’insultent carrément.
Boris Johnson a promis que, dans quelques années, le gouvernement va faire construire de nombreux hôpitaux. Pour le moment on ferme certaines salles d’opération. En effet, plusieurs hôpitaux ont un toit en si mauvais état qu’il a fallu fermer certains bâtiments.
Infirmières de la NHS, encore des promesses non tenues
En période de campagne pour le Brexit, Boris Johnson avait promis de mieux utiliser les grosses sommes d’argent alors versées à l’UE. Le jour où l’on a annoncé que la rénovation de la résidence du Premier Ministre avait couté 2,6 millions de £ on a aussi annoncé le taux d’augmentation des salaires des infirmières : 1% ! La coïncidence était malheureuse. Finalement les infirmières et les infirmiers ont obtenu une hausse de salaire de 3%. Ils ont été extrêmement déçus. Le projet de Boris Johnson est est de privatiser le système de santé. Au sortit de l’hôpital, alors qu’il avait réchappé à la Covid, ol avait pourtant fait des éloges dithyrambiques sur les travailleurs immigrés et les infirmiers de la NHS. Il a la mémoire courte.
Downing Street a coûté 2,6 millions £
Les infirmières méritent mieux
Michel Barnier
Beaucoup de Britanniques sont furieux contre Miche Barnier. Que lui reproche-t-on ? Outre-Manche, beaucoup trouvent que les accords signés doivent être appliqués avec souplesse. Autrement dit, quand ça les arrange. Michel Barnier est resté inflexible. Il défend les intérêts de l’Union Européenne. Il veille à ce que les traités, signés après de longues années de négociation, soient appliqués à la lettre. Cela l’a rendu impopulaire au Royaume Uni. Mais le Brexit est une chose sérieuse et les accords sont faits pour être respectés. C’est même la définition d’un accord.
Les perspectives
D. Trump avait promis : “I will make America great again” . Il a résorbé le chômage aux États Unis, certes, mais il a aussi ridiculisé la démocratie américaine. B Johnson a promis de redonner à la Grande Bretagne sa grandeur impériale. B Johnson a sacrifié l’Irlande du Nord, il a sacrifié la pêche, il a sacrifié la culture et l’agriculture. Il s’apprête à privatiser le système de santé. On se demande comment tout cela va finir. L’avenir nous le dira. A chacun ses malheurs.
Vidéos
Les mensonges de Boris Johnson
Les Britanniques regrettent leur choix
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